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Plusieurs milliers de fonctionnaires et de militaires ont manifesté samedi à Lisbonne contre les mesures d’austérité du gouvernement de centre droit, confirmant une poussée de la tension sociale au Portugal.

«Contre l’offensive du gouvernement, pour les droits, pour les salaires et la dignité», ont scandé les fonctionnaires en colère en tapant sur de casseroles et en lançant des coups de sifflet stridents tout en agitant des drapeaux rouges et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Non au vol des salaires», «emploi oui, chômage non».

«L’application aveugle des mesures d’austérité porte préjudice à l’institution militaire. L’armée ne peut pas être traitée ainsi», a expliqué Antonio Lima Coelho, 52 ans, responsable de l’Association des officiers.

Les fonctionnaires de Lisbonne, qui ont défilé sur l’avenue Libertade, la principale artère de la capitale, avaient reçu le renfort de collègues venus de diverses villes du pays, tandis que des policiers en civil ont également participé à la manifestation. Dans un autre quartier du centre de la capitale, des militaires en civil ont, de manière très inhabituelle, également protesté contre les mesures d’austérité, en particulier le gel des promotions et le blocage des plans de carrière.

«Le gouvernement doit céder et si nous ne bougeons pas rien ne sera fait», a déclaré Jorge Fresco, un fonctionnaire de 54 ans.

Les deux manifestations sont intervenues au lendemain de l’approbation au Parlement du budget 2012, d’une extrême rigueur et dont les principales mesures pénalisent en premier lieu les fonctionnaires. Parmi celles-ci figurent notamment la suppression des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et les retraités aux revenus supérieurs à 1.000 euros, et l’augmentation d’une demi-heure de la durée quotidienne du travail dans le secteur privé.

Troisième pays de la zone euro après la Grèce et l’Irlande à recevoir une aide exceptionnelle le Portugal a obtenu de ses partenaires européens et du Fonds monétaire international un prêt de 78 milliards d’euros en échange d’un plan rigoureux d’austérité et de réformes.

Les slogans «FMI dehors», «FMI égale chômage, misère et faim» ont été abondamment repris par les fonctionnaires dont la manifestation était considérée comme une «répétition» de la grève générale prévue le 24 novembre. «La grève générale est fondamentale», ont crié les manifestants.

Selon des estimations officielles, la rigueur devrait entraîner en 2012 une récession de l’économie portugaise de 2,8% tandis que le chômage devrait atteindre le chiffre record de 13,4%, une perspective qui explique le mécontentement social.

L’annonce d’un rassemblement de militaires avait provoqué un certain malaise en raison notamment de déclarations d’Otelo Saraiva de Carvalho, stratège du «mouvement des capitaines» qui a renversé la dictature le 25 avril 1974. À la surprise générale «Otelo», comme l’appellent les Portugais, avait expliqué que les militaires ne devaient pas manifester, mais «faire une opération militaire et renverser le gouvernement».

Même si «Otelo» a affirmé qu’il avait seulement «fait usage de sa liberté d’expression» ses déclarations n’ont pas manqué d’échauffer les esprits. «Le gouvernement vole les Portugais tous les jours et s’il le faut on peut refaire la révolution», a ainsi déclaré à l’AFP José Agusto, un militaire à la retraite, âgé de 64 ans.

La Presse.ca

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