Par quelles recettes sauver l’Europe et l’euro de la grave crise qui les menace depuis quelques mois ? De rencontres de chefs d’Etat et de gouvernement européens en réunions d’experts ès finances en passant par des sommets hypermédiatisés du G20, la situation va de mal en pis.
Dans ce maelstrom parti des portes de l’Olympe et qui menace de s’étendre à bien des pays du Vieux Continent, exhale un relent de mythologie grecque : le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, semblent essuyer la colère des dieux de l’Economie et de la Finance.
A peine ont-ils annoncé, sous les feux des caméras, un paquet de mesures que tout se dévisse. Et hop, retour à la case départ. Tel Sisyphe qui doit sans cesse rouler jusqu’au sommet d’une montagne un rocher qui retombe systématiquement.|…]
Avec plus de 50 milliards d’euros par an, l’Union européenne contribue à elle seule à près de 56% de l’aide publique au développement dont l’Afrique est la principale bénéficiaire. Cet effort de solidarité résistera-t-il à la grave crise qui guette nos généreux donateurs ?
Alors qu’en est-il de l’Afrique ? Silence radio, douce insouciance. «C’est l’homme qui a peur sinon y a rien» semble être l’état d’esprit le mieux répandu sur le continent noir. Et pourtant ! Dans le contexte économique mondial actuel dominé par le spectre de la récession, c’est plutôt l’homme qui n’a rien qui doit avoir le plus peur, et le continent le plus vulnérable qui subira davantage les effets d’une éventuelle crise dont on ignore jusque-là l’étendue et la profondeur.
Alors que l’Europe se serre la ceinture en procédant à des coupes claires sur ses dépenses publiques, alors que les autres puissances économiques commencent à désherber devant leurs portes pour éviter ou minimiser la propagation de l’incendie qui lèche les finances de la zone euro, en Afrique, on entend peu ou pas parler de mesures de prévention. Signe du sentiment d’assurance ou d’insouciance de nos gouvernants ? La question reste posée.
Mais pour sûr, aussi minime soit la place du continent noir dans la finance internationale ou dans le commerce mondial, nul doute que les effets directs ou indirects de la crise européenne affecteront, peu ou prou, la vie, déjà pas reluisante, des Africains. Ce n’est pas de la prédiction mais du réalisme que dicte le monde d’aujourd’hui : l’interdépendance économique due à la mondialisation.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), plus de la moitié des exportations africaines vont actuellement vers l’Europe et les Etats-Unis. Qu’adviendra-t-il de nos recettes commerciales si jamais la récession finissait par s’installer chez nos principaux partenaires économiques ? La Chine pour les remplacer ? Peut-être. Mais à quel prix ? Foin des règles de bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme, faisons le commerce, tel est le mot d’ordre de l’Ogre chinois.[…]
Et last but not least, quel avenir pour le franc CFA, arrimé à l’euro, aujourd’hui à la croisée des chemins ?
Autant de lancinantes questions au regard du silence et de l’indolence des dirigeants africains face à la crise européenne. L’Observateur Paalga – 13/11/2011