Dans une étude publiée aujourd’hui, la France est la plus mal classée des six pays encore notés “AAA”. Sur les marchés, l’écart avec l’Allemagne se creuse.
L’imposture a assez duré. La France, discrètement terrée dans le club de plus en plus restreint des Triple A (ils ne sont plus que six…), doit maintenant sortir du bois ! L’invective vient tout droit d’un rapport Euro Plus Monitor rendu public mardi 15 novembre par la banque allemande Berenberg et le centre d’études européen The Lisbon Council.
L’étude en question passe en revue les pays européens pour mettre en exergue leur capacité de résilience face à la crise. A la manière d’un maître d’école, les auteurs classent, notent, conseillent et réprimandent les élèves de la zone euro. Les matières au programme? Croissance, compétitivité, ou fiscalité, …
Aux côtés des petits pays épargnés par la crise de la dette, l’Allemagne (3) et les Pays-Bas (4) trustent le haut du classement général du baromètre Euro Plus Monitor, avec une note de 6,8/10. Les autres Triples A ne sont pas loin, Finlande (6) et Autriche (7) en tête.
Un vilain petit canard chez les Triples A
Oui mais voilà, la France aussi, a un triple A. Et elle n’arrive qu’en 13ème position du classement sur un effectif de 17 pays. Pire, elle est derrière l’Espagne, que l’on dit aux portes de la récession, et talonnée par l’Italie.
L’étude inventorie les faiblesses françaises:
- Part des dépenses publiques dans le PIB la plus haute de l’eurozone
- Résultats sous la moyenne pour la plupart des comptes publics
- Énorme déficit fiscal
- Très faible augmentation de la valeur ajoutée brute par travailleur entre 2002 et 2010
- Faibles perspectives d’emploi des jeunes
Et l’appréciation finale est sans appel: “Les résultats sont trop médiocres pour un pays qui veut rester en tête”, assène The Lisbon Council.
Le plan Fillon fait pschitt
D’autant que la France est notée bien plus sévèrement au regard de ses mesures d’ajustement économiques à la crise: 15ème sur un classement mené, sans surprise, par la Grèce et son austérité à marche forcée. En d’autres termes, la France n’en fait pas assez, et ne mérite pas son triple A. Et le rapport de préconiser des réformes importantes, qui doivent intervenir “dans l’idéal avant l’élection présidentielle”. Une semaine après la présentation du dernier plan de rigueur Fillon-Sarkozy, le tandem français appréciera.
Un gouvernement déjà mis sous pression 4 jours après son austère annonce, puisque jeudi 10 novembre, le jour de la bourde de l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) annonçant la perte du Triple A français, c’était Bruxelles qui ouvrait le feu. Par la voix de son commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, l’Europe enjoignait la France de prendre “des mesures supplémentaires pour corriger son déficit public excessif” en 2013. Le plan Fillon a fait pschitt.
Dans les faits, et aujourd’hui les faits sont dictés par les marchés, les spéculateurs ont déjà entériné la dégradation de la note française. On prête d’ores et déjà moins volontiers à la France qu’aux autres “Triple A”. L’écart entre les obligations française (l’OAT, obligation assimilable du Trésor) et allemande (le Bund) atteint des records: mardi 15 novembre, il atteignait 1,86% vers 12h54, du jamais vu depuis 1997. Conséquence: la France doit dépenser deux fois plus pour financer ses emprunts à 10 ans. La France dévisse.
Les marchés l’avaient dit, ils l’ont fait.