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Si la Chine sombre dans les scandales et l’insécurité alimentaire, c’est en raison du mauvais exemple donné par les hauts dirigeants. Un quotidien de Hong Kong pointe du doigt la faillite morale qui saisit le continent.

L’hymne national chinois affirme : “Alors que le peuple chinois est confronté au plus grand danger de son histoire, chacun doit pousser un dernier cri.” Mais aujourd’hui la situation est telle en Chine qu’on pourrait en donner cette adaptation : “Alors que le peuple chinois est confronté au plus grand déclin moral de son histoire, chacun doit pousser un soupir d’impuissance. “

Les commerçants chinois forment désormais la catégorie la plus immorale qui soit. C’est à qui vendra des champignons séchés conservés dans du formol, du jambon fumé au Ddvp [un insecticide], du sel de cuisine complété avec du sel industriel, des anguilles de rizière nourries aux pilules contraceptives, etc. Chaque jour apporte son lot de nouveaux aliments trafiqués avec des produits chimiques, faisant une nouvelle fois des Chinois les hommes malades de l’Asie du Sud-Est des temps modernes.

Pendant ce temps, les promoteurs immobiliers font monter les prix, asservissant ainsi des générations et des générations de Chinois, tandis qu’ils les volent sur la qualité de la marchandise et construisent à tout-va des programmes de logements “en fromage de soja” [expression faisant référence au tofu et signifiant que les constructions sont de mauvaise qualité], ce qui montre combien ils font peu de cas de la vie humaine. Quant aux hôpitaux, où l’on devrait soigner les blessés et sauver les mourants, ils sont devenus depuis longtemps un véritable enfer. En ce qui concerne les enseignants censés être les ingénieurs de l’âme, ils sont tombés dans une telle déchéance qu’ils constituent les grands coupables de l’égarement des jeunes générations et de la dégénérescence morale.

Les petites gens elles-mêmes ont tendance à critiquer de manière superficielle sans dénoncer les vrais problèmes. Dès qu’elles voient leur intérêt, elles en oublient tout sens de la justice et sont éblouies par l’argent. Les relations entre les personnes sont devenues de froides relations d’argent. On en arrive au point où quand quelqu’un tombe à l’eau le témoin de la scène crie ostensiblement à celui qui se noie : “Payez-moi d’abord si vous voulez que je vous sauve !” Face à l’argent, l’humanité fait désormais pâle figure, et la conscience intuitive du bien et du mal s’efface rapidement.

Lorsque les poutres supérieures ne sont pas droites, les poutres inférieures sont également de travers “, affirme le proverbe, et c’est la principale explication à la dégénérescence morale générale du peuple chinois. Qui peut bien aujourd’hui incarner l’idéal de “l’honnête homme” dans les milieux officiels chinois ? “Qui n’agit pas pour soi-même sera condamné par le Ciel et la Terre “, telle est la maxime qu’observent les hauts dirigeants qui se prosternent aux pieds de l’argent et ne parviennent pas à s’extraire de son emprise.

Soit ils manœuvrent dans l’ombre en s’appliquant à monnayer leurs pouvoirs ; soit ils cherchent à faire bénéficier leur entourage des avantages de leur poste ; soit ils considèrent l’argent public comme leur propre fortune, du fait qu’ils détiennent l’autorité. Ils s’en donnent à cœur joie, réalisent des placements immobiliers, s’offrent une résidence secondaire, entretiennent une concubine… Dépenser à tour de bras et gaspiller les fonds publics est pour eux un jeu d’enfant, et remplir leurs poches est devenu une solide habitude. Sur la scène publique, ils se posent en parangon de vertu et de moralité, mais, sur le plan privé, c’est loin d’être le cas : ils fréquentent la pègre et prennent des airs de tartufe.

Ironiquement, on trouve encore des dirigeants pour déplorer le déclin moral et la disparition de l’honnêteté. Pourtant : tel État, tel peuple ! A qui la faute en définitive ?

Courrier International

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