(…) j’avoue ma stupéfaction qu’avec une telle constance et des hyperboles qui ne se lassent jamais d’être appliquées, de manière indissociable, à l’homme et à ses travaux, BHL soit ainsi honoré par pratiquement tous les médias comme si l’esprit critique et la lucidité intellectuelle étaient mis en réserve pour d’autres causes et des personnalités moins admirables. Quelle est donc l’emprise qu’exerce BHL sur ce monde littéraire, médiatique, politique, sur cet univers de mondanité et de réseaux pour qu’il soit ainsi, et dans beaucoup de publications, vanté au-delà de toute mesure ?
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Pour ma part, je considère qu’une profession se déshonore quand elle laisse apparaître les grosses coutures de ses dépendances et de sa domestication intellectuelle. Les connivences, les complaisances sont là, éclatantes, et on devine que BHL tient avec une main de velours qui sait devenir de fer, sous son joug, aussi intelligent qu’il soit, l’ensemble de ses affidés structurels ou conjoncturels.
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Cette apothéose historique qui aurait favorisé “l’image de soi que peut avoir un peuple” est évidemment mise en contraste avec “ceux qui sont fiers d’être Français quand on jette un immigré dehors, comme les fripouilles du Front national…”.
A quel titre et de quel droit se permet-il d’accabler ainsi, d’insulter des citoyens qui n’ont pas eu la chance de participer à la libération de la Libye mais qui vivent comme ils peuvent avec leurs qualités, leurs défauts, leurs petits bonheurs, leur médiocrité peut-être mais dont il est indécent de les nommer “fripouilles” ? Aucune réaction, évidemment, des quatre journalistes !
Personne ne s’offusque devant ce mépris. Personne ne s’élève contre cet outrage. On a trop peur d’apparaître ridicule, tout petit, modeste, sans force ni écho en face d’un BHL qui se permet tout et auquel on permet tout.
Il n’y a aucune raison pour que les médias retrouvent conscience, vigilance et mesure. Qu’ils continuent donc à l’encenser pour tout et n’importe quoi.
Tous au râtelier BHL !