La crise de la zone euro nourrit les partis populistes qui voient leur base électorale s’élargir et, dans certains pays, menacent la stabilité des gouvernements en place.
Aux Pays-Bas, en Finlande ou en Autriche, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, le mouvement des Finlandais de Timo Soini (ex-Vrais Finlandais) et le Parti de la liberté (FPÖ) de Heinz-Christian Strache mettent en avant le coût des plans de sauvetage de la Grèce ou du Portugal pour réclamer la fin du soutien financier accordé à ces Etats en difficulté voire la sortie de l’euro.
“Notre argent pour notre peuple », clament les affiches du FPÖ sur les murs de Vienne et des autres villes d’Autriche.
En France, Marine Le Pen, présidente du Front national qui présente ce samedi son programme pour la présidentielle de 2012, juge que “l’euro est mort” et qu’il est indispensable “d’anticiper sa sortie ».
Dans “Populismes, la pente fatale », le politologue français Dominique Reynié décrit ces mouvements comme une réaction à l’émergence d’un monde dans lequel les Européens voient “une menace de paupérisation individuelle, de déclassement collectif et de faillite identitaire ».
L’hostilité à l’immigration, la dénonciation d’élites réputées incompétentes et corrompues, ainsi que le refus de l’Europe et de la mondialisation sont leurs thèmes de prédilection.
L’EURO, UN THÈME DE CAMPAGNE IDÉAL
Début novembre, Geert Wilders a suggéré la tenue d’un référendum sur un abandon de la monnaie unique européenne et le retour au florin et demandé en attendant une étude sur les conséquences économiques à long terme d’un retour à la devise historique du pays.
“Les conséquences (ndlr, d’une sortie de l’euro) pour les citoyens néerlandais, les entreprises et les banques néerlandaises, pour le système tout entier, y compris le Trésor public, seraient gigantesques », a dénoncé le ministre des Finances, Jan Kees de Jager.
Mais les sondages attestent qu’une partie importante de l’opinion regrette l’abandon du florin et vit particulièrement mal les coupes des dépenses publiques dans la santé, l’éducation et la sécurité sociale au moment où des milliards d’euros sont mobilisés pour des pays comme la Grèce ou le Portugal considérés comme plus laxistes sur les questions budgétaires.
Depuis les législatives du printemps 2010, la majorité parlementaire du gouvernement néerlandais dépend du soutien des élus du Parti de la liberté, troisième force politique au Parlement qui ne participe pas au gouvernement mais le soutient à l’assemblée.
Geert Wilders nie vouloir faire chuter le gouvernement sur la question de l’euro, mais en se différenciant des deux partis au pouvoir, les libéraux du VVD et les chrétiens démocrates de la CDA, il progresse dans l’opinion.
Pour le politologue Arnoud Bout, de l’université d’Amsterdam, Wilders et les siens ne se trompent pas : “La question de l’euro est un thème idéal pour attirer des électeurs, même s’ils réalisent qu’une fois au pouvoir, ils ne pourront pas grand-chose ».
LA DÉFENSE DES CONTRIBUABLES
En Autriche, le FPÖ de Heinz-Christian Strache dénonce depuis des mois ces plans de sauvetage.
A titre personnel, Strache milite pour un abandon de l’euro ; dans le débat public, son parti réclame un référendum sur la poursuite ou non de l’assistance financière aux pays de la zone euro qui sont écrasés par le poids de leur dette et les taux d’intérêt qui leur sont réclamés sur les marchés obligataires.
“Aujourd’hui, même Paris et Berlin réfléchissent à une scission de la zone euro. Nous, au Parti de la liberté, nous le suggérons depuis le début de la crise parce que c’est en vérité la seule solution convenable, la seule manière de sauver l’Europe », dit-il.
La prochaine échéance électorale est prévue en 2013 : dans les intentions de vote, le Parti de la liberté est au coude à coude avec les sociaux-démocrates, au pouvoir, et devance le Parti populaire (droite conservatrice).
En Finlande, le parti des Finlandais, anciennement connus sous le nom de Vrais Finlandais, a fait de la dénonciation des plans de sauvetage son cheval de bataille.
A force d’aider les pays en difficultés, prévient-il, la Finlande va perdre son triple A sur les marchés de la dette.
“L’UE va devenir une union des dettes et des taxes puis une union de redistribution des revenus où les pays notés en triple A financent le sud », déclarait son chef de file, Timo Soini, le 8 novembre dernier à la tribune du parlement.
“La Finlande ne doit pas participer à ces plans, parce qu’ils ne fonctionnent pas », ajoutait-il avant de lancer un appel à la défense des “contribuables de Finlande ».