Djamdaé vit en campagne. Ménages, marchés, garde d’enfants : elle se dit peu touchée par la vie chère contre laquelle se battent les habitants de Mayotte […]
Mais à M’tsangamouji, « dans la brousse », sur le versant de l’île opposé à la capitale, la « vie chère » n’est pas un problème. […] On y rencontre Kamil, 24 ans, ancien chanteur de rap qui a choisi de se mettre au reggae parce que cela avait une meilleure image sur l’île. Il rêve d’être connu et de conduire une Mercedes.
Au début du mois, Kamil allait « sur les barrages », faire la grève, pour faire comme tout le monde. Mais il dit :
« La vie est chère, mais c’est pas grave parce que, nous, on ne paye rien. »
Comment ça ? C’est sa mère, Djamdaé, à la tête d’une maison de huit enfants, qui nous répond.
- Revenus : autour de 700 euros par mois
- « Bricolage » : environ 500 euros
Djamdaé comprend le français, mais ne le parle pas bien. C’est Kamil qui traduit. Elle nous dit qu’elle gagne de l’argent en faisant du « bricolage dans les maisons » (ménage), elle vend des vêtements venus de Dubaï sur les marchés, et garde des enfants de temps en temps. Rien n’a l’air déclaré. Elle gagne autour de 500 euros, dit-elle, mais c’est très variable chaque mois.
- Allocations : 189 euros environ
Djamdaé dit qu’elle vit surtout grâce aux allocations familiales (au rabais, par rapport à la France) de 127 euros par mois et des allocations de rentrée scolaire. Elle perçoit ces dernières aides à chaque rentrée scolaire, 248,08 euros par enfant scolarisé (deux au collège et au lycée), soit 62 euros par mois.
Intervention de Kamil, optimiste : il dit que lorsque les allocations vont s’aligner sur la métropole (l’alignement se fera sur 20 à 25 ans), « plein de gens » vont pouvoir « complètement » arrêter de travailler sur l’île, « comme chez vous ».
Djamdaé est par ailleurs en train de signer un contrat d’assistante maternelle avec le conseil général qui lui permet de garder des « enfants des rues » chez elle (il y a environ 6 000 mineurs isolés à Mayotte dont les parents ont été renvoyés aux Comores sans eux).
Elle doit « veiller » à leur éducation. Cela lui rapportera, en gros, 500 euros par mois, par enfant. […]
- Dépenses : environ 700 euros (Voir l’article)
- Maison : 0 euro
- Nourriture : 400 euros
- Energie : 130 euros
- Loisirs : 60 euros
- Fournitures scolaires : 25 euros pas mois
- Vêtements : 20 euros
- Taxi : 20 euros
- Essence : 50 euros
- Portable : 9 euros par mois
- Santé : indéterminé
- Impôts : 0 euro
- Epargne : 100 euros (Voir l’article)Chaque mois, Djamdaé essaye de mettre environ 100 euros de côté. Cela sert à payer les travaux de la maison et d’éventuels billets d’avion à ses enfants. Deux d’entre eux veulent aller vivre en métropole […]
« C’est comme ça ici. Si tu pars, tu fais ta vie. »