Début 2010, les ménages possédaient en moyenne un patrimoine net de 229.300 euros, selon une enquête de l’Insee à paraître aujourd’hui. Le montant médian est, lui, de 113.500 euros. Les 10 % des ménages les plus fortunés captent, à eux seuls, près de la moitié des avoirs accumulés.
Ce sont des données qui ne vont pas manquer d’alimenter le débat public. L’Insee publie aujourd’hui les premiers résultats de son enquête sur le patrimoine, menée tous les six ans. Elle montre que les disparités sont très fortes entre les Français et que « les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010 », comme le titre l’étude.
Début 2010, les ménages possédaient en moyenne un patrimoine brut de 259.000 euros. En déduisant les éventuels emprunts, il est de 229.300 euros nets. Le montant du patrimoine médian (qui partage les ménages en deux parties égales) est, lui, bien plus faible, à 150.200 euros (113.500 euros nets).
Car les disparités sont très fortes. Ainsi, les 10 % des ménages les plus fortunés captent-ils, à eux seuls, près de la moitié de l’ensemble des avoirs accumulés. Ils détiennent chacun au moins 552.300 euros d’avoirs bruts. A l’autre bout de l’échelle, les 10 % les moins riches en patrimoine détiennent collectivement moins de 0,1 % de la masse totale… soit moins de 2.700 euros chacun (1.600 euros nets). C’est donc 205 fois moins que les 10 % les mieux dotés !
Patrimoine 35 fois plus élevé
Autre donnée : la moitié des ménages possède à eux seuls 93 % du stock total de patrimoine. Et à l’extrême haut de la distribution, les 1 % les mieux dotés détiennent 17 % de la masse totale. Les ménages de ce dernier « centile » possèdent chacun au moins 1,88 million d’euros de patrimoine brut.
Autre phénomène, les inégalités se creusent depuis 2004, à méthodologie comparable (lire ci-dessus). Le rapport (évalué à 205) entre les 10 % des ménages ayant le moins de patrimoine et les 10 % en ayant le plus a augmenté de plus de 30 % en six ans. L’étude souligne aussi que le patrimoine moyen détenu par les 10 % des ménages les mieux dotés est 35 fois plus élevé que celui détenu par les 50 % les moins dotés. Ce ratio était de 32 en 2004. « Si, dans l’ensemble de la population, les inégalités se sont creusées, ce creusement est plus marqué parmi les ménages dont le patrimoine est supérieur au dernier décile », précise Jean-Louis Lhéritier, chef du département des ressources et conditions de vie de l’Insee.
En 2004, l’enquête de l’Insee montrait que les 1 % les plus riches captaient 13 % du patrimoine total, soit bien moins qu’aujourd’hui. Mais « ces chiffres ne sont pas comparables car nous avons changé notre méthodologie pour améliorer la connaissance des hauts patrimoines », poursuit Jean-Louis Lhéritier. « Ce n’est qu’aujourd’hui que nous disposons d’un chiffre réellement fiable pour le dernier centile. Cette étude est un premier constat. Elle sera poursuivie en 2012 par des analyses des évolutions des inégalités ».
Une partie de l’explication pourrait se situer du côté de l’immobilier, avec une hausse de 40 % des prix dans l’ancien. « Ceci devra être analysé dans nos prochains travaux, sachant que la structure globale du patrimoine s’est peu déformée au cours de la période », tempère Jean-Louis Lhéritier.
L’immobilier constitue les deux tiers du patrimoine des ménages. 60 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale (ou accédants). Résultant d’une logique d’accumulation, « le montant du patrimoine croît avec l’âge », jusqu’à soixante-dix ans. Après, peuvent intervenir des choix de transmission. Toucher un héritage ou une donation est un facteur important de disparité. La logique d’accumulation est également très différente selon les catégories socioprofessionnelles : les indépendants ont, par exemple, un patrimoine bien plus élevé que la moyenne car celui-ci est souvent destiné à financer des investissements professionnels ou à faire face à des imprévus.
Une étude affinée
L’enquête a été réalisée d’octobre 2009 à mars 2010 auprès de 15.006 ménages. Pour la première fois, elle a été élargie aux DOM. Par rapport à celle de 2004, l’étude a été enrichie afin de mieux représenter les catégories les plus fortunées, Des éléments de patrimoine comme la voiture, les bijoux, les oeuvres d’art sont mieux pris en compte. Les nouveaux indicateurs ne sont donc pas directement comparables à ceux des précédentes enquêtes. Pour étudier les évolutions, l’Insee a neutralisé « les innovations méthodologiques » et appliqué la méthodologie de 2004 aux données de 2010.