Selon une enquête de l’Ifop pour l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej), 55 % des jeunes interrogés se déclarent beaucoup ou assez intéressés par la campagne actuelle. Un chiffre nettement inférieur, selon Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop, à celui enregistré en 2006.
Les candidats vont donc devoir plancher et trouver une solution pour amener les jeunes dans les isoloirs. C’est notamment le cas de François Hollande, qui a fait de la jeunesse sa priorité absolue. Nicolas Sarkozy n’a pas non plus l’intention de laisser de côté cette catégorie d’électeurs. Anne Muxel, directrice de recherche au cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), commente ce sondage.
Comment l’angoisse du chômage va-t-elle se traduire dans les urnes ?
Ce n’est pas mécanique. Il peut y avoir plusieurs réponses. La première, c’est l’abstention. Les jeunes peuvent se défier de la classe politique, lui prêter un défaut de crédibilité, et donc bouder les urnes. Deuxième hypothèse, ils privilégient un changement. C’est l’alternance. Troisième cas de figure, ils vont vers l’extrême droite, perçue comme un porte-voix de leur malaise. Les intentions de vote mesurées par ce sondage sont révélatrices de ces options.
Les jeunes sont-ils antisarkozystes?
Ce phénomène est fort chez les étudiants. Mais Nicolas Sarkozy était majoritaire au premier tour en 2007 chez les jeunes qui travaillaient. Aujourd’hui, il y a peut-être une forme de déception chez eux. Cela ne signifie pas qu’ils vont voter à gauche.
Marine Le Pen est aussi forte chez les jeunes que chez les adultes, comment l’expliquez-vous ?
La jeunesse n’est pas une catégorie homogène. Ceux qui sont scolarisés ou étudiants ont un tropisme à gauche. Ceux qui sont sortis précocement du système éducatif, qui vivent de contrats précaires, sont tentés par l’extrême droite. En 2007, 22 % des jeunes actifs ont voté Le Pen au premier tour.