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L’aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de tous les pays européens, a averti dimanche l’agence d’évaluation financière américaine, Moody’s. Dans un “commentaire spécial” sur les pays européens, l’agence indique qu’elle considère toujours que la zone euro maintiendra son unité sans autre défaillance que celle de la Grèce, mais note que même ce “scénario ‘positif’ est porteur de conséquences très négatives pour les notes” des États européens.

L’agence, qui a récemment averti que la France pourrait perdre son “triple A », lui permettant d’emprunter à des taux avantageux sur les marchés, indique ainsi clairement qu’aucun pays, même parmi ceux jugés les plus solides, comme les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande, voire l’Allemagne, n’est à l’abri d’un abaissement de note.

L’aggravation ininterrompue de la crise de la dette publique et des banques de la zone euro menace la qualité de crédit de tous les pays européens, écrit l’agence. Alors que la zone euro dans son ensemble possède une force économique et financière énorme, la faiblesse de ses institutions continue d’entraver la résolution de la crise et de peser sur les notes. En l’absence de mesures politiques qui stabiliseraient la situation des marchés à court terme, ou de stabilisation de ces marchés pour toute autre raison, le risque de crédit [associé aux pays européens] va continuer de monter. »

D’autres plans de sauvetage ?

Alors que des pays comme l’Italie ou la Hongrie ont de plus en plus de mal à se financer à des taux viables sur les marchés, Moody’s écrit que “l’élan politique pour mettre en œuvre une solution efficace à la crise pourrait n’être trouvé qu’après une série de chocs, ce qui pourrait mener davantage de pays à se voir privés d’accès aux marchés du financement pour une période prolongée ». L’agence fait là référence aux pays comme l’Irlande, la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie, qui ont dû bénéficier d’un ou plusieurs plans de sauvetage financier de la part de l’Union européenne ou du Fonds monétaire international.

Selon elle, d’autres pays pourraient avoir besoin de faire appel à ce genre de solution si l’UE ne parvient pas à trouver rapidement une réponse adéquate à la crise, et ces pays verraient alors très probablement leur note abaissée à celle d’un investissement “spéculatif ». Au vu des événements des dernières semaines, Moody’s indique devoir considérer “la probabilité d’un scénario encore plus négatif ». Selon elle, “la probabilité de défaillances multiples […] d’Etats de la zone euro n’est plus négligeable” et ne cesse d’augmenter en l’absence de solution à la crise.

Si cette hypothèse se concrétisait, cela augmenterait la probabilité qu’un ou plusieurs pays quittent la zone euro, ajoute l’agence, pour qui ce scénario d’une “fragmentation de l’euro” aurait des “répercussions négatives pour tous les pays de la zone euro et de l’UE ». Pour Moody’s, la situation évolue en permanence, et de nouveaux “chocs” (nouveaux plans de sauvetage ou hausse des taux auxquels les États empruntent) pendant que les responsables politiques définissent de nouvelles mesures sont “susceptibles de mener à des changements de note au cas par cas” pour certains pays.

Super Zone Euro

Le gouvernement allemand envisage la possibilité d’émettre des obligations communes avec les cinq autres pays de la zone euro notés “triple A », rapporte lundi le quotidien Die Welt. Le quotidien cite “des diplomates de haut rang de l’Union européenne” impliqués dans le traitement de la crise de la dette souveraine selon lesquels Berlin envisage néanmoins d’émettre des obligations en commun avec la France, la Finlande, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Autriche. Paris et Berlin pourraient faire des propositions en ce sens au cours de la semaine, avant le sommet européen du 9 décembre.

Ces obligations communes pourraient être utilisées non seulement pour répondre aux besoins de financement de ces six pays mais aussi pour lever, sous des conditions strictes, des fonds destinés à des pays comme l’Italie ou l’Espagne, ajoute Die Welt. Le but d’un tel mécanisme serait de stabiliser la situation des pays AAA tout en “érigeant un contre-feu crédible pour calmer les marchés financiers », poursuit le journal. Le taux d’intérêt de ces obligations se situerait entre 2 % et 2,5 %, soit légèrement au-dessus de celui des émissions allemandes.

Die Welt précise que les pays de la zone euro ne bénéficiant pas de la note “triple A” ne seraient pas inclus dans ce mécanisme au départ. La chancelière Angela Merkel et son gouvernement ont régulièrement repoussé ces derniers mois l’éventualité d’une collectivisation de la dette et l’introduction d’obligations communes à l’ensemble de la zone euro.

Lundi, dans la matinée, une source gouvernementale allemande a indiqué à l’agence Reuters qu'”il n’y a aucun projet d’émission obligataire en commun des pays ‘triple A’ de la zone euro ».

Italie rime avec FMI

Pour sa part, le quotidien italien La Stampa fait état de négociations entre FMI et Italie concernant un prêt de 600 milliards d’euros pour relever l’économie italienne, ce que l’institution de Washington dément. “Il n’y a pas de discussions avec les autorités italiennes sur un programme de financement du FMI », a démenti un porte-parole du Fonds, contredisant les dernières rumeurs, qui ont alimenté l’optimisme des marchés. Lundi matin, la Bourse de Tokyo clôturait à la hausse, dopée par cet éventuel plan d’aide.

La Stampa affirmait dimanche que le FMI allait mettre à la disposition de l’Italie une enveloppe de 400 à 600 milliards d’euros, prêtés sur dix-huit mois à des taux moins élevés que sur les marchés. Mario Monti pourrait utiliser cette cagnotte pour mettre en place des réductions budgétaires et des réformes économiques destinées à renforcer la croissance italienne. Le FMI, qui a mis au point un nouvel instrument de prêt pour l’Italie entre autres, estimait en septembre les besoins de financement bruts de l’État italien à quelque 380 milliards d’euros.

Le Monde

(Merci à hanoho)

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