Le cinéaste Oliver Stone a déclaré samedi [19 novembre 2011] à Alger que les États-Unis ne vivent pas en démocratie même sous Barack Obama, élu en 2008, dénonçant pèle-mêle Wall Street, le bellicisme américain et l’indifférence de ses compatriotes envers le reste du monde.
Dans une conférence de presse en français, M. Stone a jugé que les « indignés » américains anti-Wall Street devraient plutôt déplacer leur mouvement de contestation contre la haute finance de New York à Washington « pour avoir plus d’impact ». C’est à ce prix que les pressions seront « efficaces » sur les politiques pour assainir le système financier, a poursuivi le réalisateur de Wall Street (1987) et Wall Street : Money Never Sleeps (2010).
Invité à l’occasion du Festival du film engagé d’Alger, ce fils d’ancien financier de Wall Street et de mère française s’est dit « choqué de voir comment l’argent était vénéré par les Américains » et les effets de la crise.
Aujourd’hui « la classe moyenne (américaine) en est la plus grande victime, mais rien ne peut faire bouger le système » américain qu’il qualifie de « non-démocrate, même après l’arrivée d’Obama ».
Le cinéaste a dénoncé « 30 années de mensonges » avec la guerre du Vietnam qui lui a inspiré Platoon (1986). Les Américains ont vécu avec l’idée que « le communisme va dominer le monde », alors qu’il s’est écroulé en 1989, estime encore le cinéaste qui dit que sa vie a été « pervertie » lorsqu’il est allé faire la guerre.
C’est ensuite qu’il dit avoir découvert « la réalité, notamment le pouvoir militaro-industriel » américain. « C’est un système qui va détruire le monde »a-t-il affirmé.
Interrogé sur le soutien américain à Israël, M. Stone a affirmé qu’on « ne pouvait pas parler de cela en Amérique. Il y a une telle puissance, l’argent, les médias et le lobyying sont tels que les faits, la vérité ne sortent pas », a-t-il dit.
A 65 ans, il juge avec sévérité ses compatriotes. « Les Américains ne sont pas tellement intéressés [par] les problèmes de l’étranger », a-t-il dit. « Il n’ont pas d’empathie pour eux ».
Quant à la presse de son pays, il estime qu’elle a changé après le Vietnam. « Les médias ont changé, maintenant ils sont corrompus, mais je suis optimiste et je suis convaincu que cela peut changer » à nouveau.
Arrivé vendredi soir, Oliver Stone n’est resté que 24 heures en Algérie.
Il achève 10 heures de documentaire, The Untold Story of America prévu pour mai, et Savages qui raconte les liens de jeunes Californiens avec le Cartel de la drogue de Tijuana, ville frontalière mexicaine avec la Californie.