Par Rony Brauman, Philippe De Lara, Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Jean-Luc Gréau, Catherine Grémion…
L’élection présidentielle, nous en approchons au milieu d’une inquiétude collective et d’une confusion que les hommes politiques devraient avoir à coeur de dissiper pour que leurs propositions aient une base crédible. Cette nécessaire clarté, avant d’être celle des faits et des chiffres, doit être celle du cadre de pensée qui leur donne sens.
Tout le monde célèbre la république, mais en se dissimulant la fragmentation non seulement sociale mais culturelle de nos territoires et de nos écoles. On est “attaché à la laïcité” mais les municipalités s’empêtrent dans toutes sortes d'”accommodements raisonnables” avec des groupes qui affirment leur droit d’imposer chacun son mode de vie. Ce qui, pratiquement, fait une coquille vide de la laïcité qui était la prévalence des valeurs et des moeurs communes sur les particularités. Bornée par les communautarismes, rongée par le libertarisme et l’utilitarisme qui dominent, la culture commune est un tissu élimé.
Il ne s’agit donc plus de “défendre la laïcité”, mais de redéfinir le commun national, en fonction de notre histoire aussi bien que de notre sociologie, en y faisant entrer de nouveaux partenaires. Sans une idée de la France que nous pouvons et devons faire, la régulation de l’immigration comme la politique scolaire continueront d’être incohérentes et inefficaces, soumises aux décisions opportunistes.
Beaucoup en ont le sentiment, malgré les efforts “politiquement corrects” pour que cela ne s’avoue pas : les bases de notre démocratie et de notre nation sont en cause. Les politiques auraient tort de croire qu’un trouble aussi profond peut être surmonté en restant dans la continuité, continuité de la gestion, de la tradition ou du progrès. Il nous faut envisager l’avenir comme une refondation.