La meilleure façon de comprendre la crise financière de l’Europe c’est d’observer les solutions proposées pour la résoudre. Elles dessinent un rêve de banquier, un paquet cadeau que bien peu d’électeurs pourraient approuver lors d’un référendum démocratique.
Mais les stratèges de la banque ont appris qu’il ne faut pas soumettre leurs plans aux aléas du vote démocratique : les Islandais ont refusé par deux fois en 2010-11 d’approuver la capitulation de leur gouvernement. Celui-ci avait accepté de dédommager l’Angleterre et les Pays-Bas pour les pertes subies par des banques insuffisamment régulées qui opéraient à l’étranger.
Faute d’un tel référendum, les manifestations de masse ont été pour les électeurs grecs le seul moyen de faire entendre leur opposition aux 50 milliards d’euros de privatisations exigés par la Banque centrale européenne à l’automne 2011.
Cette nouvelle forme de guerre qui se propage en Europe n’est donc pas uniquement économique. Elle menace de tracer une ligne de démarcation historique entre les 50 dernières années, lorsque le potentiel technologique était porteur d’espoir, et une nouvelle époque de polarisation des sociétés, où une oligarchie financière prend le pas sur les gouvernements démocratiques et réduit les peuples à la servitude de la dette.