Plus de 710 millions de hamburgers et 280 millions de kébabs ont été engloutis en 2011 au détriment du cassoulet et du bœuf bourguignon.
C’est l’une des conséquences de la crise et des changements de mode de vie, les Français sont de plus en plus nombreux à choisir un hamburger ou un kébab à l’heure du déjeuner. Il y a seulement quelques années, ces deux spécialités étaient associées à la mal-bouffe, et avaient une très mauvaise réputation au pays du cassoulet. L’un comme l’autre étant considérés comme des aliments diététiquement peu recommandables et de piètre qualité organoleptique.
Mais dans ce domaine, les goûts évoluent vite et durablement, guidés par des considérations économiques et l’évolution des modes de vie. Ainsi, la pizza que nos grands-parents ne dégustaient que très rarement est de loin, aujourd’hui le plat préféré des Français, qui en consomment plus que les Italiens eux-mêmes, à égalité avec les Américains.
Bientôt dans le peloton de tête avec la pizza, le sandwich jambon-beurre et les pâtes ?
Une étude du cabinet Gira Conseil montre que le hamburger et le kébab sont en train de conquérir tous les estomacs français et de rivaliser avec la pizza. “Le burger et le kébab sont en train de s’inviter dans le peloton de tête des plats préférés avec la pizza, le sandwich jambon-beurre et les pâtes”, indique Bernard Boutboul, expert en restauration. Les chiffres sont éloquents. Il s’est dégusté quelque 280 millions de kébab, 710 millions de hamburgers et quand même, 2 milliards de sandwiches en 2011 !
Mais ce sont bien les kébabs et hamburgers qui connaissent la percée la plus rapide. Cette progression se fait au détriment du steak-frites et du fameux plat du jour, bourguignon, parmentier ou andouillette purée, souvent proposés dans les petits restaurants traditionnels, de plus en plus souvent désertés par les clients en raison de prix trop élevés et d’une qualité décevante. « La clientèle d’étudiants et d’ouvriers a tendance à sélectionner les spécialités qui lui apporte le meilleur rapport calories-prix », souligne Bernard Boutboul.
Le meilleur hamburger du monde au Meurice.
Alors qu’à l’origine, le hamburger était cantonné aux enseignes de fast-food telles que McDonald’s et Quick et quelques restaurants spécialisés, il est aujourd’hui proposé dans la plupart des brasseries et restaurants, y compris les restaurants de luxe comme celui de Yannick Alléno à l’hôtel Meurice qui a été classé comme le meilleur hamburger du monde par le New York Times. Du coup, la fourchette de prix varie de 1,50 à 30 euros et maintenant, bien souvent le client choisit la cuisson du steak haché.
Quant au kebab, il s’agit bien d’une spécialité turque, inventée par Mehmet Aygun, immigré turc à Berlin en 1971, à partir des grillades traditionnelles doner kebab, servies dans du pain avec une sauce et accompagnées de frites. Le succès de cette préparation ne s’est jamais démenti, d’autant que la création de restaurants spécialisés a permis à de nombreux immigrés turcs de s’insérer dans l’économie en Allemagne et en France.
Les restaurants de kébab sont aujourd’hui des champions de la rentabilité, avec des matières premières peu onéreuses, des emplacements économiques dans des quartiers populaires, une superficie très réduite et une main d’œuvre familiale. Leurs marges XXL rendent jaloux aussi bien les rois du fast-food que les princes de la gastronomie française. L’appétit des Français pour ce symbole de la culture turque suffit à lui seul à démentir les récents incidents diplomatiques entre les deux pays.
