L’Union européenne a donné un mois au premier ministre Viktor Orban pour mettre fin à ses dérives autoritaires. Pourtant, à Debrecen, dynamique centre universitaire, ses lois liberticides ne dérangent guère. Plus au nord, à Ozd, une grande partie de la population trouve même Orban trop modéré. Dans cette cité industrielle sinistrée, l’extrême droite rafle les votes.
Plus au nord, à Ozd, une grande partie de la population trouve même Orban trop modéré.
Cet hiver, le couple a dû renoncer à se chauffer au gaz, trop coûteux. ” Heureusement, le patron me laisse prendre du bois “, glisse Zoltan. L’été, ils emmènent leur petit garçon à la piscine municipale. ” Depuis que nous sommes mariés, nous n’avons jamais pu partir en vacances “, dit Monika. Le couple voudrait un autre enfant, mais cela paraît un luxe inaccessible.
L’amertume monte comme un flot de bile, contre ceux ” qui ne se privent pas d’en avoir, eux, des gosses “, dit Monika : les Tziganes. ” Ils ont plus de droits que nous “, lance-t-elle. L’été dernier une famille a emménagé dans le quartier, à treize dans deux pièces. ” Ils vivent d’allocations, ils ont vendu jusqu’aux tuyaux de leur chauffage, ils arrachent ail et oignons dans notre jardin. Ils ne vont pas aux stages de formation qui leur sont offerts gratuitement, à eux. Pas à nous, parce que nous avons fait l’école secondaire. “ D’un bout à l’autre du pays, c’est le même grief que l’on entend, la même hostilité des pauvres qui se lèvent tôt contre ceux qui ne cherchent même plus un travail. La haine des classes laborieuses que le discours des puissants dresse contre les classes supposées dangereuses. ” Ils se multiplient si vite, bientôt nous serons une minorité “, prétend Monika.A Farkaslyuk (” le Trou du loup “), village minier proche d’Ozd, les 220 élèves de l’école élémentaire sont tziganes, confirme la directrice, Rita Gaborné Kolmont. ” Même le maire [membre du MSZP, ex-parti communiste] ne veut pas nous confier ses enfants. “
Ici, l’insécurité est une obsession. ” Beaucoup de meurtres sont passés sous silence dans les médias. Des retraités sont assommés ou égorgés pour quelques poulets “, affirme David Janiczak, 25 ans, vice-président de la section locale du Jobbik, le parti d’extrême droite qui a obtenu 16,9 % des voix aux législatives d’avril 2010. ” Mais à Ozd, nous avons fait 35,14 %, le deuxième meilleur résultat au niveau national “, précise-t-il non sans fierté. C’est lui qui a organisé la campagne électorale. (…)
Chaque jour, à Budapest, des dizaines de Roms demandent un visa pour le Canada.