Pour Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, il faut éviter de «changer Marine Le Pen en martyre» si elle était absente de l’élection présidentielle en cours.
Quelle meilleure illustration de son discours sur l’intolérance du «système UMPS», sur la fermeture des partis traditionnels, sur «l’étouffement de la voix du peuple» que cette élimination indue ?
Si l’on exclut pour les besoin du raisonnement l’hypothèse d’un simple coup de bluff, il s’agit, soit d’un manque d’organisation, soit l’idéologie du Front national reste encore suffisamment inquiétante pour dissuader les élus de prêter leur concours à ce parti qui rebute tant de républicains.
Mais cette constatation ne change rien au problème. Le Front national est un parti légal. On peut détester ses idées mais on ne peut lui contester une forte représentativité dans les élections auxquelles il participe depuis plus de vingt ans. Sa disparition de ce rendez-vous majeur qu’est l’élection présidentielle serait une absurdité au regard des principes démocratiques en vigueur en France. […]
Le mécanisme des signatures aurait d’autres conséquences. D’abord le ridicule : une règle qui autorise Cheminade et qui élimine Le Pen serait aussitôt rejetée dans la catégorie du grotesque. Ensuite l’aberration politique. Si elle était empêchée, Marine Le Pen ne manquerait pas de tirer parti de ce dysfonctionnement spectaculaire. [….]