Alors que les racistes avérés sont devenus très marginaux dans nos sociétés, l’antiracisme s’est mué en une idéologie à la fois diffuse et contraignante qui outrepasse largement sa raison d’être. Extraits du livre de Paul-François Paoli : “Pour en finir avec l’idéologie antiraciste”
Pourquoi est-il si difficile d’évoquer la petite et moyenne délinquance qui empoisonne la vie des gens, ainsi qu’Éric Zemmour en a fait l’expérience ? Parce que le postulat fondamental de l’antiracisme idéologique est que toutes les attitudes négatives – violence, incivilités, machisme violent, insubordination scolaire – que l’on peut constater chez certains individus d’origine extra-européenne, notamment africaine ou maghrébine, même quand ils sont naturalisés français, sont explicables par la sociologie victimaire ambiante et réductibles à elle. Elles ne relèvent jamais de la négativité, de la haine ou du ressentiment. Autrement dit, si vous êtes victime d’une agression symbolique ou physique venant de ce que les sociologues appellent les « jeunes en difficulté » – comme si vous, chômeur, précaire, étudiant fauché ou simple citoyen, n’étiez pas en difficulté –, votre agresseur est, lui aussi, par principe, une victime, ce qui explique qu’il vous agresse aujourd’hui.
L’idéologie antiraciste est un rousseauisme primitif qui conçoit un monde où les innocents ne deviennent coupables que par accident, ce dernier étant toujours d’ordre social. Les vrais coupables sont bien sûr ceux qui sont responsables, très loin en amont, des causes de cette violence : les urbanistes qui ont construit des cités ghettos de banlieue, les militaires colonialistes qui, il y a maintenant plus de cinquante ans, torturaient en Algérie, sans oublier les industriels qui exploitaient la main-d’œuvre immigrée dans les années 1960. Ce sont eux les vrais coupables de votre agression présente.