Messieurs les censeurs, bonsoir ! La journaliste et essayiste, Élisabeth Lévy, était, le mercredi 1er février, l’invitée du Centre universitaire méditerranée (CUM) de Nice. Au programme : un débat fracassant avec l’écrivain Denis Tillinac autour de la moralité publique dans le système médiatique. (…)
(…) LPN : Vous semblez penser, comme le philosophe Noam Chomsky, que la majorité des médias œuvrent à « fabriquer du consentement ». Qu’en est-il ?
E.L. : Ils ne le fabriquent pas. Ils font comme s’il existait en transformant leurs propres opinions en vérité générale ! La sphère médiatique est devenue un monde totalement coupé du reste de la population. Entre l’opinion des journalistes et celle de la population, l’écart est sidérant ! Pour moi, ils ont trop de pouvoir.
LPN : Il est de plus en plus courant que des associations trainent des intellectuels devant les tribunaux. La morale publique s’est-elle, selon vous, judiciarisée ?
E.L. : Oui ! On a donné aux associations un poids qui est, selon moi, complètement délirant. On est quand même au pays des Lumières ! Or, qu’est-ce que c’est que la pensée des Lumières sinon la confrontation civilisée des arguments ? La chasse aux sorcières qui recommence tous les quatre matins, je commence à en avoir marre. Le chœur des moralistes ne rate plus une occasion de se taire (Sic) ! (…)
LPN : Vous dites n’être « ni de gauche, ni de droite ». Est-ce possible pour une journaliste de votre tempérament ?
E.L. : Le fait est que j’ai, un jour, totalement cessé d’être de gauche. La gauche est devenue le camp du bien. Je ne supporte plus, chez les socialistes, cette espèce de certitude qu’ils sont, par nature, dans le bien. Est-ce que le fait de le penser fait de moi quelqu’un de droite ? Je n’en sais rien. (…)