Kemal Dervis, ancien ministre des Affaires économiques en Turquie et Bernard Soulage, vice-président de la région Rhône-Alpes (PS) soulignent les interrogations de la gauche face à la mondialisation.
La situation était différente quand l’internationalisme solidaire était le slogan de la gauche alors que les intérêts du marché, souvent protégés par de hautes barrières douanières, le conduisaient généralement à soutenir une droite nationaliste et centrée sur son territoire.
La gauche se montre plus que prudente sur la globalisation du XXIe siècle, célébrée récemment à Davos. Le travail semble menacé par le commerce et pas seulement dans les pays avancés. […]
e sont bien les grandes entreprises qui se font les champions les plus agressifs de la globalisation. Et la gauche est souvent prise dans une situation très délicate car elle souhaite conserver la situation existante, afin de garder la protection sociale de l’Etat-nation menacée par les forces de la globalisation. En ce sens, la gauche apparaît comme conservatrice. Un examen de la vraie nature des relations économiques internationales doit permettre de mesurer où se trouvent les valeurs de la gauche et les intérêts des plus modestes. […]
Il est de plus en plus difficile d’avoir une politique démocratique efficace au niveau national avec une hypermondialisation. Les marchés financiers imposent plus la politique économique que les Parlements nationaux. Peut-être qu’à ce stade de l’histoire, la gauche devrait tenter de freiner la mondialisation au niveau national. Cette position a le mérite d’une certaine cohérence et surtout l’avantage électoral d’être «dans l’air du temps», mais elle conduit à une double impasse : elle sous-estime les potentialités considérables engendrées par la mondialisation et elle tourne le dos à toute l’histoire du mouvement progressiste. […]