Esther Benbassa vient de publier « De l’impossibilité de devenir français » aux éditions Les liens qui libèrent. (…)
Je ne suis pas sûre qu’aujourd’hui j’aurais choisi la France comme pays d’immigration. (…)
(…) Si on vient étudier en France, c’est parce que les études n’y sont pas payantes et que même les grandes écoles y coûtent bien moins cher que leurs équivalentes aux Etats-Unis. Et lorsqu’on y émigre, c’est en général en raison de la proximité géographique et/ou culturelle des pays d’où l’on est originaire. La majorité de nos immigrés viennent de l’ancien empire colonial français. Notre pays attire une population démunie, à la recherche de meilleures opportunités économiques. Les élites préfèrent se diriger vers les Etats-Unis où les possibilités de réussite sont plus grandes et les universités certes payantes, mais de meilleure qualité. Le rêve américain existe encore malgré la crise, mais le rêve français, lui s’est rabougri.(…)
(…) Une partie du PS et plus largement de la gauche – une partie seulement – a véritablement peur de l’islam, je l’ai constaté au Sénat lors de nos discussions sur la loi désormais appelée « loi anti-nounous voilées » par le public. A la peur s’ajoute, chez certains, le mépris, un sentiment hérité du colonialisme. Qu’il y ait des racistes qui cachent leur rejet derrière la revendication d’une laïcité dogmatique, cela n’est pas impossible du tout. Comme tous se réclament de la laïcité, il est difficile de séparer le bon grain de l’ivraie.
Lorsque la laïcité devient l’autre nom de l’islamophobie, là, il y a un vrai danger. Certains de nos amis de gauche, peut-être sans le savoir, en sont atteints et si on le leur dit, ils sont les premiers à être choqués tant ils sont convaincus d’être les champions de la lutte contre le racisme. (…)