Si le plan de rigueur n’est pas voté dimanche soir, la Grèce risque réellement la faillite…
Le dirigeant bancaire Charles Dallara, négociateur pour les créanciers privés de la restructuration de la dette grecque, a exhorté les députés à voter le plan de rigueur dicté par l’UE et le FMI pour sortir le pays de la crise, dans un entretien dimanche au quotidien Kathimérini.
«Je veux encourager les députés à voter»
Ce plan, qui sera soumis au vote des députés dimanche peu après minuit, a affirmé au journal libéral Charles Dallara, à la tête de l’Institut de la finance internationale (IIF) qui représente les créanciers privés de la Grèce.
Voter la rigueur
Les députés grecs «doivent comprendre ce qui est en jeu et reconnaître qu’au delà de la rigueur (…) il y a des profits nombreux et tangibles pour la Grèce et le peuple grec», a-t-il ajouté. «Si les citoyens grecs peuvent faire preuve d’encore un peu de patience et de persévérance», l’adoption de cette nouvelle feuille de route de rigueur va «changer subitement le climat» et concourir à la relance, a-t-il insisté.
Divisant la classe politique, même si le gouvernement de coalition socialiste-conservateur dispose en principe d’une confortable majorité au parlement, le nouveau programme de dérégulation et rigueur doit être soumis dimanche après minuit au vote des députés. Ces derniers doivent aussi avaliser les modalités du programme d’échange d’obligations détenus par les créanciers privés du pays, négocié fin janvier par l’IIF et Athènes.
L’adoption du projet de loi, contre laquelle les syndicats et la gauche ont appelé à manifester devant le parlement dans la soirée, a été posée comme préalable par l’UE et le FMI pour débloquer le plan de renflouement et désendettement du pays mis sur pied par la zone euro fin octobre.
Éviter la faillite du pays
Le premier volet prévoit le déblocage de prêts de 130 milliards d’euros, le second l’effacement de quelque 100 milliards de créances grecques, pour ramener la dette grecque autour de 120% du PIB en 2020.
Soucieux de garantir le succès de l’opération, Charles Dallara met en garde contre tout nouveau délai, après une série de retards sur le calendrier d’origine, qui prévoyait le lancement dès lundi de l’offre publique aux banques et fonds, afin de mener à bien l’opération d’échange d’ici début mars.
«Nous devons trouver le temps» pour éviter la faillite au pays, «mais le calendrier est très serré», souligne-t-il.
Il s’affirme confiant que l’opération, conçue sur une base volontaire, recueillera «un très haut pourcentage de participation», même si elle s’annonce «douloureuse» pour les créanciers privés avec des pertes réelles «bien supérieures à 50%».
En cas de participation insuffisante, la Grèce pourrait recourir à une clause contraignant les créanciers réticents à suivre le mouvement mais au prix de remous sur les marchés. Un vif débat est aussi mené au sein de la zone euro sur une éventuelle participation de la Banque centrale européenne (BCE) à cet effacement de créances, face au risque que l’échange négocié ne permette pas de tenir l’objectif d’une dette à 120% du PIB en 2020.