Michelle Obama a-t-elle le droit d’être agacée ? Frustrée ? En colère ? La simple mention, dans un livre sur le couple présidentiel américain, que la First Lady a parfois des mouvements d’humeur a lancé un débat qui a fait ressortir les stéréotypes sur les femmes en général et les Afro-Américaines en particulier.
(…)Il arrive au président, “perpétuellement coupable de tout ce qu’elle a abandonné pour lui”, d’essayer d’apaiser son épouse avec un dîner à New York, affirme Jodi Kantor.
“Angry black woman” : le terme était lâché. Une caricature à laquelle s’expose tout tempérament entier. (…)
Il est vrai que, pendant la campagne électorale, elle avait déjà dû faire face aux critiques des conservateurs sur ce thème. Parce qu’elle avait à l’époque relativisé sa fierté patriotique.
L’épisode a généré un débat sur la situation des femmes noires sous l’ère Michelle Obama. Transformées et en même temps toujours célibataires (à 70 %). Pour Melissa Harris-Perry, professeur de sciences politiques à l’université de Tulane en Louisiane et auteur de Sister Citizen : Shame, Stereotypes and Black Women in America (Yale University Press, 2011), les Afro-Américaines continuent d’être enfermées dans des représentations figées : forte femme, lascive ou en colère. (…)
Michelle Obama leur a donné une incarnation. Neuf Afro-Américaines sur dix estiment qu’elle comprend leurs problèmes et partage leurs valeurs contre cinq sur dix dans le cas des femmes blanches.
“Elle est incroyablement ordinaire, jusque dans son côté unique. Elle a la peau marron et les formes d’une Noire. Elle a les cheveux typiques d’une fille noire. Elle est là, comme une soeur, explique Melissa Harris-Perry. Ce qu’elle nous donne, c’est la possibilité d’imaginer l’Amérique à travers nous-mêmes.” Colère comprise.
Le Monde ( merci à Wonderland )