Les électeurs du nord du Kosovo doivent répondre à la question suivante : « acceptez-vous les institutions de la soi-disant République du Kosovo, installée à Pristina ? ».
Belgrade estime que ce référendum, convoqué mardi et mercredi, est inutile et malvenu. Les explications de Borislav Stefanović, chef de l’équipe de négociations de Belgrade pour le dialogue avec Pristina.
Le Courrier des Balkans : Quel sera l’impact du référendum ?
Borislav Stefanović (B.S.) : Le résultat est connu d’avance : la réponse sera non. Ce référendum n’a donc aucune utilité, car tout le monde sait que les Serbes du Nord du Kosovo et le gouvernement de Belgrade sont contre l’implantation des institutions de Pristina dans le nord du Kosovo. (…)
CdB : Que répondez-vous aux Serbes du Kosovo qui disent que Belgrade les a lâchés ?
B.S. : Nous n’abandonnerons pas les Serbes du Kosovo et ferons notre possible pour améliorer leurs conditions de vie. Notre but est le même, mais nous avons des stratégies différentes. J’espère qu’après les élections, quand l’émotion sera retombée, nous pourrons de nouveau travailler ensemble.
(…) CdB : Comment le dialogue évolue-t-il avec Pristina ?
B.S. : En ce moment, Pristina s’en tient à une position attentiste. Ils veulent voir ce que Bruxelles et Washington diront de nos propositions. Ce n’est pas la meilleure manière de conduire le dialogue. La communauté internationale pourrait pourtant nous aider à surmonter nos différences. Cependant, nous pensons que Hashim Thaçi et son gouvernement ne peuvent pas avoir un droit de veto sur l’intégration européenne de la Serbie. Ce n’est pas à Pristina, mais à Bruxelles, de décider qui a le droit ou non d’obtenir le statut de candidat.
CdB : Les Serbes qui vivent au sud de la rivière Ibar donnent parfois l’impression d’être bien seuls…
B.S. : Leur situation est différente. Si le Nord forme un bloc mono-ethnique, au Sud, les Serbes sont forcés de s’adapter. Bon nombre d’entre eux acceptent les documents du Kosovo et participent, dans une certaine mesure, à la vie sociale.
Mais la situation est telle qu’ils sont découragés. Ils sont victimes d’un processus d’albanisation, ils ont obligation de prendre la nationalité kosovare, l’usage du cyrillique est pratiquement interdit…
Quand les citoyens du Nord voient ce qui se passe dans le Sud, ils sont découragés. Ils n’ont pas envie de partager ce que Pristina appelle un « avenir commun » dans les frontières du Kosovo indépendant. Notre tâche est de fournir aux Serbes du Kosovo toutes les garanties de sécurité politique, sociale et économique. C’est l’un des quatre points du plan du président Tadic. Ce plan doit être mis sur la table, et discuté entre Pristina, la communauté internationale et la Serbie. (…)