Un nouveau plan d’austérité, des manifestations. Le pays est dans une impasse…
Par Bertrand de Volontat
Le plan d’austérité imposé par l’Union européenne et le FMI, et contre lequel un second plan d’aide de 130 milliards d’euros sera débloqué, a été adopté dimanche par les députés grecs. Cette décision permettra dans le même temps la réduction de la dette de 100 milliards d’euros, accordée par les créanciers privés. De quoi soulager une dette nationale de 350 milliards d’euros. La dette devrait ainsi être réduite à 136% du PIB en 2020.
Ce plan pourra-t-il pour autant sauver la Grèce?
Les mesures votées la nuit dernière sont draconiennes et jugées dangereuses par une population qui manifeste par dizaines de milliers dans les rues d’Athènes et de Salonique.
Ces mesures prévoient notamment la réduction des dépenses de santé de plus d’1 milliard d’euros, les dépenses militaires de 300 millions d’euros, la baisse de 22% du salaire minimum (586 euros brut sur quatorze mois), la baisse de 32% de celui des jeunes de moins de 25 ans, la baisse des pensions de retraite, la suppression de 15.000 emplois de la fonction publique.
Seule une aide européenne mutualisée pourrait sauver la Grèce
Henri Sterdyniak, directeur du département Économie de la mondialisation à l’OFCE, que nous avons interrogé sur la pertinence d’un tel plan, émet de sérieux doutes quant à son efficacité.
«Depuis deux ans, la Grèce, à l’instar de la zone euro, est dans une spirale épouvantable. Ce plan d’austérité ne débouchera que sur une chute de l’activité économique et sur une réduction de la rentrée fiscale», avance-t-il.
Avant de poursuivre que «ce plan d’austérité est une toute petite étape de plus» et de voir mal comment il peut sauver le pays.
«La Grèce aura besoin d’un nouveau plan dans trois mois. L’effort demandé est trop grand.» Il précise en outre que selon toute vraisemblance, le PIB grec devrait baisser de 20% et que les entreprises grecques sont d’ores et déjà invendables.
Le pays est donc dans une impasse. La seule issue serait un compromis européen mutuellement profitable. «C’est aux Etats européens de mettre en place un plan de redressement sur la base d’une aide financière et d’un programme de ré-industrialisation de la Grèce», poursuit-il.
Et de conclure que «les exigences de la Troïka (UE-BCE-FMI) sont telles que la société grecques est anéantie. Il faudrait taxer les plus riches, les armateurs et l’Eglise».
Bien que déficit et récession devraient se résorber en 2012, sauver le pays et épargner le peuple semble être une addition dorénavant impossible.
Les issues de secours se raréfient, les taux d’emprunt à 10 ans se situent à 32,9% et la population est en droit de demander pourquoi elle est sacrifiée sur l’autel de l’UE et de négociations interminables.
La Grèce présentera ses mesures détaillées à l’Eurogroupe mercredi, dont le feu vert sera nécessaire avant la renégociation de la dette, qui aura lieu vendredi.