Le patron du Rassemblement national démocratique (RND, au pouvoir) algérien Ahmed Ouyahia a critiqué samedi la proposition de loi visant à pénaliser en France la diffamation et l’injure envers les harkis, des supplétifs musulmans qui ont servi dans l’armée française pendant la guerre d’Algérie.
La proposition de loi pénalisant l’injure envers les harkis « ne vise qu’à imposer l’image d’un colonialisme civilisé », a déclaré M. Ouyahia, également Premier ministre, à Oran (430 km à l’ouest d’Alger) dans un discours à l’occasion du 15e anniversaire de la création du RND.
Ce texte « ne peut effacer ou faire oublier la barbarie à grande échelle ayant causé la mort de millions d’Algériens. Nous avons nos martyrs, vous avez vos traîtres », a ajouté M. Ouyahia.
«Le colonialisme français a été sauvage et barbare, du début jusqu’à sa fin et l’histoire ne peut et ne doit retenir que ces aspects », a-t-il encore dit.
La proposition de loi prévoit que, pour l’application de la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui punit la diffamation et les injures, les formations supplétives sont considérées comme faisant partie des forces armées.
Ainsi, elle sanctionne de 12.000 euros d’amende l’insulte et de 45.000 euros la diffamation. Elle permet aussi aux associations de défense de se porter partie civile.
Le 19 janvier, le Sénat, à majorité de gauche, avait adopté cette proposition de loi à l’unanimité, sauf les sénateurs communistes qui n’ont pas pris part au vote.
La commission des Lois de l’Assemblée nationale a adopté le 8 février à la quasi-unanimité la proposition de loi.
Un grand nombre de harkis ont été massacrés à l’indépendance tandis que d’autres ont fui vers la France où ils ont été parqués pendant des années dans des centres de transit. Ils forment aujourd’hui une communauté, descendants compris, de 500.000 personnes.