Guéant et les civilisations, Sarkozy avec ses valeurs, Vanneste, Le Pen et même Hollande avec ses déclarations sur les camps de Roms… Les accusations absurdes de négationnisme, de pétainisme, voire de nazisme pleuvent.
Nul n’est censé ignorer le négationnisme en histoire, à savoir la négation du génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale et depuis peu la négation du génocide des Arméniens en 1915, dénis et dénis également punis par la loi. On parle beaucoup moins de ce que l’on pourrait appeler le négationnisme du dictionnaire, phénomène qui va pourtant se développant ces derniers temps de manière exponentielle, la campagne présidentielle en cours n’y étant pas pour rien.
Ce négationnisme-là consiste à proscrire et à condamner – pour l’instant de manière platonique, je veux dire sans conséquence pénale – l’emploi de certains mots ou de certaines expressions. (…)
Mais la rage de bâillonner, de réprimer, d’interdire se répand dans notre pays avec la vitesse et les ravages d’une maladie contagieuse. (…)
Il existe pourtant un texte, et pas n’importe lequel, puisqu’il est à la base de notre Constitution, qui affirme que “la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi“.
La Déclaration des droits de l’homme de 1789 n’est-elle qu’un vœu pieux, une formule creuse alors que “les cas déterminés par la loi” ne cessent de se multiplier et que la pression des lobbies communautaristes, religieux, politiques, intellectuels ne cesse de s’accroître.
Quelle incapacité croissante à débattre sereinement, quelle trouble nostalgie de la censure, que de coups portés à la tolérance, au pays d’Anatole France que de fanatiques, au pays des Lumières que d’éteignoirs ! Voltaire, réveille-toi, ils vont nous rendre fous !