Chronique d’Ivan Rioufol dans le Figaro.
Apparemment, François Hollande s’y voit déjà. Cependant, en prenant prématurément la pose présidentielle, qui lui fait tenir le menton haut et chasser d’une main lasse les attaques de son adversaire, il est en train de se construire un personnage à la morgue boursouflée. Faut-il lui rappeler qu’il n’est pas encore chef de l’Etat?
Il y a certes beaucoup à dire sur la crédibilité de la soudaine conversion de Nicolas Sarkozy, qui a confirmé dimanche à Marseille vouloir s’engager avec le peuple contre les élites et les «corps intermédiaires». Mais le président sortant a au moins le mérite de vouloir redonner aux Français la maîtrise de leur destin. La manière dont la gauche s’effraye du «populisme», des référendums, et de tout ce qui pourrait réactiver la démocratie souligne l’étrange défiance que les socialistes entretiennent avec le peuple, qui fut au cœur de la Révolution et de tous les grands changements.
Non content d’être devenu conservateur, le PS se révèle comme le parti d’une nouvelle aristocratie de notables se disant «humanistes» (que, dans mon livre, je nomme les gentilsgens, en référence aux gentilshommes de jadis), s’effrayant des manants et de leurs manières.
Cet effet de contraste peut chambouler la perception de l’opinion vis-à-vis de la gauche et de la droite, qui se présentent à front renversé. Il est piquant de retrouver Sarkozy, qui n’a pas toujours été aussi attentif aux désirs des électeurs, en porte drapeau des «anti-système», disputant la place à Marine Le Pen. […]