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Omar Sy pourrait être le premier noir à décrocher un César du meilleur acteur. Où sont les noirs dans le ciné français?

Vendredi 24 février, 36 ans après la première cérémonie des César, Omar Sy pourrait être le premier noir à remporter le prix du meilleur acteur pour le film Intouchables. Aux Etats-Unis, dix noirs américains ont déja reçu un Oscar depuis 1929, le premier dans la catégorie meilleur acteur ayant été décerné à Sydney Poitier pour son rôle dans Le Lys des champs en 1964. Il succédait ainsi à Hattie McDaniel, qui avait ouvert la voie avec son http://img694.imageshack.us/img694/4740/44501253.jpgOscar du meilleur second rôle féminin dans Autant en emporte le vent en 1940. (…)

(…) Si aux Etats-Unis, porter sur grand écran des personnages joués par des acteurs noirs n’a rien de nouveau ni d’extraordinaire, cela ne passe pas inaperçu en France, comme le montre la déferlante médiatique qui entoure Omar Sy.

Un décalage qui peut s’expliquer en partie par la démographie des deux pays: les noirs ont constamment représenté entre 10% et 20% de la population américaine depuis 1790 alors qu’en France, ils n’étaient encore qu’environ 177.000 (une estimation approximative étant donnée l’interdiction des statistiques ethniques) en 1964 sur 50 millions d’habitants. Mais pas seulement. Selon Olivier Barlet, directeur des publications d’Africultures, il y a aussi et surtout un blocage français d’origine politico-historique:

«C’est lié à notre définition identitaire, elle-même liée à notre définition républicaine, puisque c’est la République qui a fait les colonies. Et tant qu’on a des gens au pouvoir qui n’arrêtent pas d’appuyer sur la carte extrême droite on n’avancera pas, la question de l’identité nationale ou celle sur les effets positifs de la colonisation bloquent le débat. Si le public n’est pas accompagné dans sa mentalité il n’évoluera pas.»

Un avis partagé par Régis Dubois, docteur en cinéma. Selon lui, les noirs n’ont pas leur place au cinéma «pour des raisons politiques, culturelles, économiques, des questions de racisme inconscient en rapport avec les tabous de l’esclavage et de la colonisation». (…)

Rachid Bouchareb, réalisateur franco-algérien des films Indigènes, pour lequel il a reçu le César du meilleur scénario original en 2007, et Hors-la-loi, évoque la présence maghrébine dans l’histoire coloniale française.

«On trouve chez tous les Français une envie d’entendre dire l’Histoire telle qu’elle a été»,affirmait Rachid Bouchareb dans un entretien pour l’Express.

Le succès de ces films à grand budget et de leurs acteurs est indéniable. Reste alors au cinéma français à trouver son «Rachid Bouchareb noir», celui qui racontera à son tour cette histoire mais dans ses relations avec l’Afrique noire, en y impliquant des acteurs afro-français.

Rue89 relève cette meilleure représentation des Français d’origine arabe dans le cinéma, et pas seulement dans les films historiques. (…)

Slate

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