(…) Benydir M’Bark est un Chibani, autrement dit un de ces travailleurs maghrébins que la France avait fait venir pendant les Trente Glorieuses. Et depuis deux ans, il n’est pas à la fête. Comme beaucoup de ses collègues qui n’avaient pas pu bénéficier du regroupement familial.
Car la Carsat, la Caisse de retraite du régime général, a accru le nombre de ses opérations de contrôle, traquant les aides indûment perçues. Dans ce contexte, les Chibanis ont le sentiment d’être en première ligne.
Motif : ils touchent, pour une bonne partie d’entre eux, l’Aspa, l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Une aide spéciale, versée à ceux qui perçoivent une petite retraite de base. L’Aspa vient en complément, afin que ses bénéficiaires puissent vivre avec 742 € (montant du minimum vieillesse) par mois. Le montant de l’aide comblant la différence.
Mais voilà ! Le versement de l’Aspa est soumis à l’obligation de résider en France au moins six mois par an, réglementation en vigueur dans notre pays. Du coup, à l’issue de contrôles de résidence ou de ressources, des Chibanis se sont vus suspendre le versement de cette aide. “Dans certains cas, la carte Vitale leur a aussi été retirée”, ajoute Rachida Himdi, la secrétaire de l’Association des travailleurs maghrébins en France, qui vient à leur secours.
Car certains Chibanis sont dans des situations financières très délicates. Mercredi, ils étaient près d’une centaine à manifester (…)
Ce collectif réclame que “les droits sociaux soient liés à la personne et non plus au lieu géographique”. Ce qui est le cas de la retraite de base, mais pas celui de l’Aspa. Ce n’est pas leur seul combat.
La Carsat demande en effet à ceux qui se sont vus suspendre le bénéfice de l’Aspa de rembourser les sommes indûment touchées. L’ardoise peut être salée, frôlant parfois 20 000 €.