Le Président du CRIF, Richard Prasquier était l’invité d’un «café civique» de la Revue Civique, qui s’est tenu au CEVIPOF (Centre d’études de la vie politique française) le 17 février 2012, avec Pascal Perrineau, le Directeur du CEVIPOF. Il a abordé différents sujets, «fracture civique», antisémitisme (évoquant le 93), identité juive, «populisme» et «extrémisme» en Europe, défense inconditionnelle d’Israël et…Marine Le Pen. Il a également rappelé le rôle du Crif. Extraits.
Le Crif accepte la notion d’une communauté juive en France, d’un peuple juif dans le monde ; il n’est pas communautariste car il ne pense pas que l’individu doive se définir à partir d’une communauté unique».
Rappelant l’attachement du CRIF aux principes de la République, Richard Prasquier a souligné qu’il refusait des statistiques ethniques «qui enferment les personnes dans une identité unique» : «L’identité juive a des contours stricts si on l’identifie aux règles données par la loi religieuse. Mais si on tient compte de la perception identitaire, qui est un facteur du comportement de la personne, ses contours sont flous et subjectifs. Un individu est toujours un puzzle identitaire, et le regroupement des individus reliés par une de leurs identités, la communauté, n’est pas exclusif de la participation de ces individus à d’autres sortes de communautés : on peut être français, juif, libéral, médecin et chasseur à la palombe… Le CRIF a pour fonction de représenter les sentiments de la majeure partie de la communauté juive sur le plan politique, c’est-à-dire en particulier sa vigilance à l’égard de l’antisémitisme, du sa connexion avec les autres «communautés» qui en France participent au champ politique et son souci vis-à-vis d’Israël». […]
«Le désamour européen est une tragédie. Dans un continent où l’idée européenne a servi de ciment unificateur et pacificateur et en même temps de promesse de progrès matériel, son affaiblissement laisse la voie libre aux national-populismes porteurs d’antagonismes». […]
«Ce n’est pas parce que Marine Le Pen a, sans aucune légitimité historique, capté le flambeau de la laïcité, qu’il faut lui abandonner cette valeur essentielle de la République. Il y a bien sûr ses choix aberrants en matière économique que d’autres sont mieux habilités à critiquer, mais tous les partis qui utilisent la rhétorique du bouc émissaire, même quand celui n’est pas apparemment cette fois-ci le Juif, ne peuvent que susciter le rejet. […] Sur le plan moral, il n’est pas possible que les juifs puissent voter Marine Le Pen».