Comme souvent, ce soir-là, Nicolas Sarkozy n’a pas fait dans la demi-mesure. Lors de son intervention, retransmise simultanément sur dix chaînes de télévision, dimanche 29 janvier, le président de la République annonçait son intention d’augmenter de 30 % les droits à construire sur “tout terrain, toute maison, tout immeuble”. “Cela va donner un travail formidable à toute l’industrie du bâtiment, expliquait-il. Deuxièmement, cela va augmenter considérablement le nombre de logements, donc cela fera pression sur les prix. Et enfin les prix de l’immobilier à l’achat, à la vente, et les prix à la location vont pouvoir baisser.“
Martingale immobilière propre à satisfaire tout le monde ? Avant d’être adopté le 22 février par l’Assemblée nationale, le projet de loi a déclenché l’hostilité d’une grande partie du secteur. Les promoteurs promettent une flambée du prix des terrains, les agents immobiliers redoutent une désorganisation du marché, les constructeurs de logements sociaux s’estiment oubliés. Quant aux maires, chargés d’instruire les permis de construire et d’établir les plans locaux d’urbanisme, ils voient leurs pouvoirs entaillés par le nouveau texte.
Surtout, la loi semble passer sous silence un des aspects essentiels de la construction en France : le paysage. Si les années 1950 à 1970 ont été celles des grands ensembles, les trois dernières décennies ont vu le triomphe de la maison individuelle, qui représente aujourd’hui les deux tiers de la production de logements en France.
Les tours et les barres des cités abîmaient les paysages du val de Seine ou les hauteurs marseillaises. Dorénavant, lotissements et maisons isolées colonisent, partout en France, vallées et coteaux, plaines et forêts. Les identités des communes s’effacent, leurs contours se floutent. Les enseignes commerciales défigurent les entrées des villes. Ce n’est plus la campagne, ça ne sera jamais la ville. Néant urbain ou néant rural, au choix.