Pour Alexandre Dézé, Maître de conférences à l’université montpellier-I, et Cédric Moreau de Bellaing, Maître de conférences à l’École normale supérieure (Paris), l’absence de Marine Le Pen à l’élection présidentielle pour défaut de signatures ne serait pas scandaleuse.
Le Front national n’est peut-être pas un parti antidémocratique ; il n’en demeure pas moins un parti antisystème, un parti qui ne partage pas les valeurs du système politique dans lequel il évolue.
C’est désormais une quasi-certitude : Marine Le Pen va obtenir les 500 signatures d’élus nécessaires au dépôt de sa candidature et sera présente au premier tour de l’élection présidentielle. |…] Imaginons cependant, le temps de cette tribune, que la candidate frontiste ne soit pas parvenue à recueillir les précieux sésames. La démocratie en aurait-elle été ébranlée, comme on a pu le lire à longueur de colonnes ? Certainement pas. |…]
La démocratie n’est pas qu’affaire de procédure, elle est aussi affaire de principes, au premier rang desquels figurent le respect de l’ensemble des opinions et la garantie de l’expression des opinions minoritaires. Là encore, l’argument est fallacieux. Il est fort à parier que nombre d’opinions ne sont pas représentées par l’état actuel de l’offre politique ; et il n’est pas question d’imposer des thématiques ou des clivages simplement pour faire «progresser la démocratie». . |…]
On peut d’ailleurs se demander quels effets aurait eu l’absence de Marine Le Pen de la compétition suprême. Assurément, l’annonce de l’incapacité du FN à trouver les cinq cents signatures aurait saturé quelque temps l’espace médiatique. Mais il y a fort à parier que l’incendie se serait vite éteint. |…]. Et ce que l’on aurait eu, c’est une campagne sans parti d’extrême droite (même si l’on peut compter sur Nicolas Sarkozy pour puiser allègrement dans le répertoire thématique du FN), sans outrances anti-immigrés, sans débat sur la participation de Marine Le Pen à un bal à Vienne organisé par des fraternités étudiantes dont certaines s’affirment portées vers le néonazisme.
