Un groupe islamiste radical a été dissous ce matin en Conseil des ministres. C’est une première en France. Le groupe s’était montré particulièrement virulent, appelant à la lutte armée ou à l’instauration de la charia sur son site internet. (JT TF1 (20H), 29 février 2012)
Réaction de Forsane Alizza sur son site :
Le ministre de l’intérieur Claude Guéant avait prévenu : sa lutte contre l’islam radical passerait par la dissolution d’un groupe islamiste et l’expulsion d’un imam extrémiste. Le décret de dissolution du groupe Forsane Alizza (“cavaliers de la fierté”) devait être signé lors du conseil des ministres, mercredi 29 février. L’expulsion de l’imam, en revanche, est repoussée sine die.
Cette décision de dissolution est la première à l’encontre d’un mouvement islamique.
L’association visée, “une centaine de personnes”, selon le ministère de l’intérieur, est notamment accusée de “former à la lutte armée et d’attenter à la forme républicaine du gouvernement”.
“Forsane Alizza présente le caractère d’un groupe de combat”, précise le ministère, qui ajoute : “Par son appel à l’instauration d’un califat et à l’application de la charia (loi islamique) en France, l’association remet en cause le régime démocratique.” Forsane Alizza, qui, selon des déclarations de son principal responsable, Mohamed Achamlane, “refuse la laïcité”, s’est illustrée par des manifestations contre la loi interdisant le port du voile intégral ou, plus récemment, en soutien aux intégristes catholiques protestant contre des pièces de théâtre jugées blasphématoires. (…)
(…) L’association, qui se met en scène sur son site Internet à travers des vidéos, reconnaît que le passage “à la lutte armée est possible si l’islamophobie s’intensifie”. Dans cette hypothèse, elle tente de recruter “des soldats” : “Si vous appréciez les sports de combat, alors votre profil nous correspond inchaalah” (sic). La dissolution du groupe amènera “les musulmans à se communautariser”, assure son responsable sur le site de l’association.
En ce qui concerne l’imam Mohammed Hammami, la commission d’expulsion qui devait statuer le 7 février sur le sort de ce Tunisien de 76 ans ne se réunira que le 15 mai. Un délai dû à sa demande d’aide juridictionnelle.
L’éventuel renvoi en Tunisie de ce religieux accusé par les pouvoirs publics d’avoir appelé à “fouetter à mort” les femmes adultères et d’avoir tenu des “propos violemment antisémites et discriminatoires” ne pourra donc pas intervenir durant la campagne présidentielle, ainsi que l’avait espéré le ministre.
(…) Le ministère de l’intérieur a, semble-t-il, voulu faire un exemple alors que la place Beauvau observe, “depuis la victoire des islamistes aux élections en Tunisie”, des prises de parole plus radicales de la part de certains imams. Les spécialistes de l’islam notent généralement une prudence dans l’expression publique des religieux radicaux et soulignent que nombre d’entre eux sont français et non expulsables. Pour ceux-là, “c’est le code pénal qui s’applique” rappelait le ministre dans Le Monde du 3 janvier. En dix ans, 34 imams ont été expulsés.