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Par  Benjamin Leclercq

L’Islande veut changer de monnaie, et s’interroge sur l’opportunité de choisir le dollar canadien plutôt que l’euro. Dilemme monétaire pour sortir l’économie islandaise de l’ornière, alors que s’ouvre aujourd’hui le procès de l’ex-premier ministre Geir Haarde, présumé responsable de la crise bancaire de 2008.

Pays (presque) ruiné cherche monnaie, robuste de préférence, devise en crise s’abstenir.

L’Islande est en pleine prospection. Et veut se débarrasser de la couronne, sa fébrile monnaie, dont la valeur a chuté de 92% avec l’effondrement de son système financier, démarré en octobre 2008.

Parmi les candidats au poste, un outsider… le dollar canadien.

Stabilité

L’euro faisait pourtant figure de favori naturel. L’Islande est candidate officielle à une entrée dans l’Union européenne, son dossier ayant été validé en février 2010 par Bruxelles. Alors l’adhésion à la monnaie unique semblait aller de soi, dans un futur plus ou moins proche.

Mais l’Islande veut sortir définitivement de la crise,

et l’euro ne fait pas rêver, embourbé qu’il est dans la crise de la dette. A l’inverse, les sirènes canadiennes ont un écho favorable sur la terre de glace, notamment auprès du milieu des affaires.

L’économie du Canada est, en effet, l’une des plus stables et prévisibles des pays industrialisés, et sa monnaie est forte. D’autant que les entreprises canadiennes en profiteraient et pourraient y investir des secteurs clés comme la pêche, les banques ou l’assurance.

L’Islande solde ses comptes

Le Canada demeure pour l’instant prudent, et n’a pas émis d’avis sur la question, se bornant à déclarer qu’il ne ferait “pas de commentaires publics sur les monnaies des autres pays“. L’ambassadeur canadien en Islande, Alan Bones, devait ainsi s’exprimer samedi sur l’éventualité d’une négociation bilatérale, avant que son ministère ne le rappelle à l’ordre, et annule l’intervention. Le Canada botte en touche. Et pour les deux pays, la piste d’une monnaie commune demeure une simple hypothèse.

En même temps qu’elle devise, l’Islande ouvre un autre dossier clé sur le front de sa crise : le procès de son ancien premier ministre débute aujourd’hui, devant la Landsdomur, une Cour spécialement habilitée à poursuivre les ministres et ex-ministres. Geir Haarde est accusé d’avoir précipité l’effondrement bancaire puis économique (en 2008) de son pays et d’avoir ainsi failli à ses responsabilités.

Responsable mais non-coupable?

Un rapport d’experts avait pointé en 2010 la responsabilité de quatre hommes politiques islandais dans la débâcle économique. Le Parlement islandais a finalement décidé que seul Geir Haarde, alors premier ministre et chef du Parti de l’Indépendance (droite), devait être jugé.

Les observateurs estiment que l’ex-premier ministre a cependant de grandes chances d’échapper à une condamnation, notamment parce qu’il s’est entouré d’une solide équipe d’avocat et qu’il jouit de la sympathie grandissante d’une opinion publique sensible à son profil d’homme “seul contre tous”.

myeurop.info via LaPresse.ca

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