Il critique l’Etat inactif, dénonce “l’Europe dépravée” et les mœurs occidentales. Ce chanteur qui milite pour un mouvement de renaissance de l’islam et défend la pureté de la langue kirghize constitue à lui tout seul un phénomène culturel.
Debout sur scène devant les symboles de l’Etat kirghiz, portant le costume et le couvre-chef en feutre de Manas, héros de l’épopée traditionnelle, qui masque le haut de son visage, un homme lance d’un ton de défi, en rythme : “Qu’est-ce que l’Etat a donné à ses fils en vingt ans ? Ils ont fait fi du bon sens, ils ont fait du business. De quoi ont besoin mes Kirghiz ? Vous êtes musulmans, vous avez besoin de la foi !
De quoi ont besoin mes Kirghiz ? D’une langue kirghize pure ! C’est cela qu’il nous faut.”
La chanson s’intitule De quoi avons-nous besoin ?, et le chanteur masqué se nomme Tata Oulan (Oulan Kalybekov à la ville). Il est l’un des interprètes les plus novateurs et provocateurs du Kirghizistan. Certains le trouvent nationaliste, mais même s’il défend des positions bien affirmées dans ses chansons, il ne se mêle pas de politique. Sa force, c’est de savoir mieux que tout autre combiner le chant traditionnel kirghiz et la musique pop russe ou occidentale.
Ses refrains, qui critiquent les mœurs occidentales, la façon de se vêtir et le mode de vie non musulman, trouvent un large écho. (…)