Les suicides de chômeurs et de petits patrons se multiplient en Italie. Faillites, déprimes, la crise économique est de plus en plus meurtrière.
Comme en Grèce, les suicides pour cause économique se multiplient en Italie. En Ligurie, un électricien âgé de quarante sept ans à peine s’est tiré une balle dans la tête. Il avait été licencié début janvier. Peu après, en Toscane, un entrepreneur s’est pendu, laissant une lettre pour expliquer son geste de désespoir: il s’est condamné à mort, comme la crise économique l’a fait pour son entreprise. A l’autre bout de la péninsule, en Sicile, un autre petit patron mettait, lui aussi fin à sa vie pour la même raison.
Depuis le début de l’année, en moyenne, une personne par semaine au moins se serait suicidée après un licenciement ou un dépôt de bilan. Qu’ils soient entrepreneurs, salariés ou petits retraités, comme ce couple qui a choisi de partir main dans la main après avoir avalé une dose fatale de barbituriques, tous ont préféré la mort aux affres de l’angoisse financière.
Pour eux, les mesures mises en œuvre par le gouvernement Mario Monti pour favoriser l’accès au crédit des petites et moyennes entreprises ont été adoptées trop tard.
L’État ne paye pas ses dettes
Dans un billet rédigé avant de se suicider, Giovanni Schiavon explique ne pas s’être tué pour ses dettes, mais pour ses créances qu’il n’arrivait pas à percevoir. Les collectivités locales de la région de Padoue lui devaient 300.000 euros. Des impayés énorme qui a eu raison de sa petite entreprise spécialisée dans le bâtiment.
Comme Giovanni Schiavon, des centaines de petits entrepreneurs installés dans le nord de la péninsule, fleuron de la petite industrie du moins avant la crise, sont actuellement pris dans la spirale de la dépression devenue, pour certains, l’antichambre du suicide. Sans parler des salariés brutalement mis à pied pour compression de personnel qui n’arrivent pas à se retourner.
Certains craquent, d’autres survivent, mais à quel prix ? C’est le cas de Mario, un romain âgé d’une cinquantaine d’années qui dort dans sa voiture depuis un an. Autour de lui, personne ne le savait jusqu’à la semaine dernière. Un ami l’a aperçu, a discuté avec lui. Depuis, son entourage se mobilise pour l’aider à s’en sortir.
1150 tentatives de suicide en 2011
Plus de 1150 personnes ont, heureusement, pu être sauvées après une tentative suicide l’an dernier. Face à l’augmentation du nombre de suicides ou de tentatives, les associations professionnelles se mobilisent. En janvier dernier, l’association des entrepreneurs a manifesté dans le silence devant la présidence du Conseil située dans le centre Rome en brandissant les photographies des cinquante petits patrons qui ont choisi la mort durant les trois dernières années. Et d’ici la mi-mars, une marche silencieuse organisée par les syndicats et les associations d’entrepreneurs aura lieu, toujours à Rome.