Que pensent les candidats de la liberté, de la nature, de l’Histoire ? François Gauvin leur a fait passer un oral de philo publié dans Bayrou, Hollande, Joly, Le Pen, Mélenchon, Sarkozy… leur philosophie (éditions Germina). Aujourd’hui Marine Le Pen répond à la question «Qu’est-ce qu’un peuple ?»
On assiste aujourd’hui à un retour de tout ce que la France a combattu pendant des siècles : tribalisations, féodalités… La France a eu le plus grand mal à créer son unité, et aujourd’hui elle ne la défend pas. Elle s’en rendra compte quand elle l’aura perdue.
L’homme est-il naturellement bon, comme le disait Rousseau ? Ou serait-il au contraire un loup pour l’homme, comme le pensait Hobbes ?
Je ne suis pas aussi optimiste que Rousseau. Je pense que l’homme a mis des siècles, et même des millénaires, à se construire des règles du jeu. Elles doivent en permanence être rappelées et défendues, car elles s’oublient, se perdent. Elles sont issues de l’expérience de l’histoire, et rien ne fonctionne sans règles. C’est toute la critique que je fais de l’ultralibéralisme, qui est en fait une tyrannie du chaos. Le problème, c’est que ces règles s’affaiblissent. Elles sont idéologiquement combattues, et il m’apparaît que l’absence de règles fait toujours souffrir le plus faible. Le plus fort peut survivre sans les règles en question. […]
Mais l’idée de nation n’a que deux siècles, pourquoi dites-vous qu’elle est “naturelle” ?
Enfin, naturelle… C’est à mon avis la structure la plus performante que les hommes se sont donnée pour assurer leur sécurité, leur identité et leur prospérité. Et d’ailleurs, on voit bien que le phénomène tribal est particulièrement vif dans ce que j’appelle les “nations artificielles”, qui ont été constituées à l’issue de conflits armés. Voyez aujourd’hui l’Irak, la Libye et même la Belgique. […]
Le peuple ne se trompe donc jamais quand il élit les gouvernants ?
Encore faut-il qu’il ait accès aux informations. C’est tout le problème du rôle des médias, beaucoup plus lourd, grave et important que ces derniers l’imaginent. […]