« Le premier G8 c’est Chicago, non ? », « Ca va être cool de voyager dans l’Air Hollande one !», et puisque nous sommes à Reims : « Le champagne, c’est maintenant ! »
Dans le car qui balade les journalistes du Hollande Tour, mes confrères parisiens se voient déjà à l’Elysée. C’est inquiétant. Mais ça se passe comme ça en France : vous suivez un candidat 16 heures sur 24 pendant quatre mois.
Ca crée des liens : il connaît votre prénom, son entourage vous a à la bonne et votre rond de serviette est réservé en cas de victoire. Votre rédaction ne risque pas de ruiner ce capital.
Alors, pendant la campagne, Hollande devient votre poulain. Dès lors, comment ne pas tenter de le vendre dans vos articles et vos reportages ? Car s’il gagne (et en ce moment il est très bien placé), il vous entraîne dans son sillage.
A vous les voyages officiels, les vols en « Air Hollande one », les coulisses du palais et les entrevues sous les ors de la République. Bref, l’ivresse du pouvoir a déjà envahi une frange de mes confrères. Hier, j’ai donc embarqué sur le Hollande Tour, à Reims, où j’ai pu observer ce manège. Environ 70 journalistes accrédités, répartis dans deux cars. Un petit et un grand.
Si vous embarquez dans le petit, vous pourrez faire votre travail correctement. Vous êtes un journaliste « poolé », c’est-à-dire privilégié (« en pool », une équipe réduite censée partager ensuite ses images et informations aux confrères restés sur le carreau).
Je demande à une chargée de presse du PS : « Ca arrive que la presse étrangère soit poolée ? » Je connais la réponse, mais je veux l’entendre : « Euh… ça… pourrait arriver. » (…)