La municipalité et la presse locale appellent ça « un compromis ». Mardi dernier, le district de Dortmund-Scharnhorst (au nord est de Dortmund) a communiqué son nouveau règlement pour les piscines. « Pour les piscines scolaires, les vrais burkinis collants en élasthanne sont autorisés ».
Le conseiller municipal Jörg Stüdemann, qui a annoncé cette décision lors d’une réunion publique à la piscine municipale, s’est félicité d’avoir « ainsi trouvé un accord tout à fait pacifique avec les deux ménages musulmans qui s’étaient plaints de l’interdiction du burkini en vigueur jusqu’ici ».
La direction de la piscine avait tenté de faire valoir que cette interdiction n’avait rien de « raciste » ni de « discriminatoire », mais qu’elle se justifiait uniquement par des raisons d’hygiène. Il est en effet impossible de vérifier que des sous-vêtements ne sont pas portés sous le burkini. « Nous avons eu de mauvaises expériences. Des femmes musulmanes arrivent parfois avec des leggins, des tee-shirts en coton et des sous-vêtements, et veulent aller dans l’eau ainsi. Nous avons dû donner un coup d’arrêt. Ce n’est pas seulement anti-hygiénique, c’est aussi dangereux car ces vêtements s’imbibent d’eau ». En outre, la piscine propose déjà des séances hebdomadaires réservées aux femmes : « Ce jour-là, tout le personnel de la piscine est exclusivement féminin, et il est impossible de voir de l’extérieur les femmes qui se baignent ». La municipalité a décidé que le burkini resterait interdit ces jours-là.
Lors de l’annonce du conseiller Stüdemann, selon le journal local,
« un murmure a traversé la salle. “C’est une nouvelle fois à nous de nous adapter”, entend-on dans beaucoup de bouches.
“Et comment est-ce que l’hygiène sera contrôlée ?” » Le conseiller municipal a la réponse : « C’est la responsabilité des professeurs d’exercer des contrôles, par exemple pour vérifier que les élèves ne portent pas de sous-vêtements sous leurs burkinis ». Un professeur de gymnastique interrogé par le journal n’a pas caché son scepticisme. « Je trouve le compromis formidable, mais je dois pourtant le mettre en question car il contredit ce que nous vivons quotidiennement ».
Pour Ahmad Aweimer, porte-parole de la communauté musulmane à Dortmund, « l’important est que les jeunes filles aient la possibilité d’apprendre à nager ».
Or, à l’en croire, ce n’est pas possible sans burkini puisque « le port du burkini à partir de la puberté constitue une obligation religieuse ». (…)