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Depuis plusieurs jours, une inquiétante série d’incidents interéthniques secoue la Macédoine. Une situation qui ressemble à du déjà vu, et qui réveille à chaque fois le douloureux souvenir de 2001. Les politiques multiplient les appels au calme, sans effet pour le moment.

La tournure ethnique et politique que prend cette flambée de violence révèle les fractures qui divisent la société macédonienne.

Cela fait maintenant plusieurs jours que la Macédoine se trouve confrontée à une situation qui ressemble à du « déjà vu » : une série d’incidents à caractère communautaire. Comme à chaque fois, cela réveille la crainte d’un nouveau conflit entre les communautés macédonienne et albanaise.

Des incidents dans les bus de Skopje ont mis le feu aux poudres

Dans la soirée du 8 mars, autour de 20h, un groupe de jeunes, capuches relevées ou bonnets sur le crâne pour dissimuler leurs visages ont fait irruption dans un bus de la ligne 58 et s’en sont violemment pris à trois jeunes passager de 18 ans ainsi qu’une femme de 56 ans. Ils ont ensuite brisé les vitres du véhicule puis ont disparu aussi vite qu’ils étaient entrés.

Quelques heures plus tard, vers minuit, c’est un bus de la ligne 57 qui a été attaqué par un autre groupe de jeunes près du centre commercial Tchairtchanka. Deux individus sont d’abord entrés dans le bus, rejoints à l’arrêt suivant par une dizaine d’autres qui s’en sont pris aux voyageurs et au chauffeur. Ils ont également brisé le pare-brise avant de prendre la fuite.

Ces deux incidents seraient considérés comme du pur hooliganisme dans la plupart des pays occidentaux, mais dans une Macédoine où la société multiethnique suscite toujours des questions, ils ont tout de suite été interprétés comme source d’intolérance et de tension entre les communautés.

Il faut dire qu’ils interviennent à peine quelques jours après le meurtre de deux jeunes Albanais par un policier macédonien à Gostivar.

Vague d’« attaques communautaires » à Skopje et Tetovo

Depuis, les incidents se multiplient à Skopje et Tetovo. Des groupes de jeunes de chaque communauté provoquent des incidents ça et là, dont les victimes ne sont que de simples citoyens ayant eu la malchance de trouver au mauvais endroit.

On dénombre déjà plusieurs dizaines de personnes légèrement blessées, dont l’hospitalisation n’a pas dépassé une journée. (…)

« Un contexte favorable aux tensions interéthniques »

Cependant, au-delà des discours officiels, certains experts analysent cette situation comme un signe fort de tentative de déstabilisation de la société. Ainsi, dans une interview accordée au quotidien Dnevnik, l’ancien chef de la DBK, Vlado Pivovarov, explique que ces incidents pris dans un contexte plus large

(Skopje 2014, référendum au nord du Kosovo, retour en force de l’idée de « grande Albanie », changement du nom de certaines rues des quartiers albanais)

sont un signal fort pour les politiques que leur rôle est maintenant de d’aller sur le terrain pour éteindre un « incendie » qui peut prendre de l’ampleur.

Pour le politologue, Albert Musliu,

cette vague d’incidents à caractère communautaire prouve l’inefficacité du système actuel, la peur chez les citoyens que rien ne fonctionne et qu’ils doivent à présent se « défendre » seuls !

Un tel constant devient alarmant, car si le pouvoir en place ne prend pas de mesures radicales, la société toute entière pourrait basculer, comme cela avait été le cas lors du conflit interéthnique de 2001, auquel l’accord cadre d’Ohrid avait mis fin. (…)

Le courrier des Balkans

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