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Selon l’historien et philosophe Marcel Gauchet, M. Sarkozy a assumé ouvertement «une ligne directrice suivie en catimini par ses prédécesseurs Mitterrand et Chirac : la banalisation française dans l’espace occidental et mondial».

Les élites européennes ont renoncé de fait à poursuivre la recherche et l’affirmation d’une identité propre. Elles considèrent implicitement que l’Europe n’a plus rien de spécifique à apporter.

Qu’est-ce que le sarkozysme ?

Il incarne un individu avant tout privé qui n’a qu’un sens très relatif de ce qu’est la chose publique et de ce qu’est l’Etat. Dans un premier temps, sa parole libre, sa simplicité d’accès et son indifférence au formalisme ont séduit. Les choses se sont gâtées lorsqu’il est apparu que ce caractère direct et ouvert s’accompagnait d’une franche indifférence envers l’esprit de l’institution. […]

Les élites européennes sont acquises à l’idée que les Etats-Unis sont le laboratoire de la modernité dont il n’y a qu’à s’inspirer. Il ne s’agit plus d’alignement sur le «hard power» américain, comme à l’époque de la guerre froide. Ce qui compte désormais, c’est le “soft power”.

Ce n’est plus le Département d’Etat qui est important, ce sont les universités : Stanford, Harvard, Chicago ou le MIT comptent infiniment plus par les idées qu’elles diffusent que les moyens colossaux du Pentagone. Il ne s’agit plus de stratégie, mais d’économie ; il ne s’agit plus tant de puissance que de modernité technique, managériale et financière. Tel est le noyau dur de ce programme diffus, mais très puissant, dont les variantes peuvent aller du multiculturalisme jusqu’à l’économisme libéral le plus affirmé.

Cet entraînement consensuel a conduit l’Europe à abdiquer toute ambition en matière aussi bien politique que culturelle, intellectuelle ou philosophique. Au mieux, elle défend mollement son «modèle social». […] Ce n’est pas l’arrivée des socialistes au pouvoir qui modifiera l’inspiration des directives européennes.[…]

Le Monde (Merci à Misanthrope Modéré)

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