Deux administrateurs de sites internet qui s’étaient positionnés contre la contruction de la mosquée de Maubeuge en 2006 ont été jugés hier à Avesnes pour injure publique et incitation à la haine raciale. La mairie avait reçu des courriers inspirés par leurs pages web.
D. C.-G., un Marseillais de 56 ans, et S. R., un Toulousain de 48 ans, étaient renvoyés hier devant le tribunal correctionnel pour des faits remontant à 2006, pendant le chantier de la mosquée de Maubeuge. Tous deux, absents de l’audience et représentés par un avocat parisien, Me Dassa, tenaient à l’époque des sites internet très proches dans leurs idées, et pour l’administration desquels ils se fréquentaient sous divers sobriquets, Blake, Mortimer ou Chico Ray. Le Marseillais autrefois attaché au mouvement Riposte laïque, dont un représentant assistait d’ailleurs à l’audience, et le Toulousain, ancien candidat villiériste aux élections cantonales, « combattent les idéologies dangereuses, et considèrent que l’islamisme en est une », dira leur avocat.
La construction d’une grande mosquée à Maubeuge a heurté leur sensibilité, et leurs sites respectifs ont fait paraître peu de temps après la pose de la première pierre de septembre 2006 un texte opposé à sa construction, en forme d’« avertissement aux néo-collabos », où ils conseillaient à la municipalité de « relire la biographie de Mahomet et le Coran » et aux habitants de se convertir à l’islam « avant d’y être contraints ».
Des cartes postales y étaient téléchargeables et plusieurs ont abouti au service courrier de la mairie de Maubeuge. En décembre, le maire Rémi Pauvros déposait plainte. Hier, il expliquait dans un communiqué avoir agi pour défendre les agents et élus mis en cause ainsi que la laïcité comme « fondement de la République ». Me Aïdi a demandé en son nom un euro symbolique et le paiement des frais de justice : « La liberté d’expression suppose le respect des personnes ». Une deuxième procédure s’est jointe à l’action publique, les deux hommes ayant fait paraître un article sur la construction d’une mosquée à Auch (Gers), où Mahomet est désigné en termes peu amènes.
Pour la substitut du procureur Boukhalfa, l’envoi des courriers à la mairie prouve l’incitation à la haine, et des propos qui qualifient de « gavage atrophiant le cerveau » l’enseignement islamique ne peuvent être qu’« infamants et illégaux ». Elle requiert six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pour D. C.-G., le Marseillais ayant déjà été condamné pour des faits similaires. S. R. a pour sa part un casier vierge et conteste tout caractère haineux dans les parutions. Pour le parquet, il est cependant évident qu’il cherche « à opposer musulmans et chrétiens ». Réquisitions : six mois de prison avec sursis et 1000 E d’amende par prévenu. (…)