Lentement mais sûrement, l’Allemagne met la main sur l’Europe. Depuis la crise des dettes souveraines et le psychodrame hebdomadaire sur la dette de la Grèce, les citoyens de la zone euro ont compris que le centre du pouvoir ne se situait plus à Bruxelles, encore moins à Rome ou à Paris, mais bel et bien à Berlin.
Certes, le duo Merkel-Sarkozy tente de donner l’impression que le couple franco-allemand fonctionne encore à parité. Rien n’est plus faux. En réalité, depuis l’adoption des traités de Nice, puis de Lisbonne, les Européens, à commencer par la France, ont accepté cette montée en puissance du leadership allemand. Ces traités, rappelons-le, mettaient fin à l’un des principes de base de la Communauté européenne. À savoir, la parité entre les grands pays européens, tant au sein du Parlement que de la répartition des voix au Conseil européen
En acceptant que l’Allemagne, réunifiée et forte de ses quatre-vingt millions d’habitants, ait plus de sièges et plus de voix dans certaines autres instances européennes, on lui reconnaissait, de facto, une prééminence. Dans l’Europe de Lisbonne, la France ne pèse plus que les trois-quarts de l’Allemagne.