Assis dans un joli fauteuil, Pierre Bergé trifouille dans la poche gauche de son pantalon de costume et en ressort une liasse de billets pliée en deux qu’il secoue devant lui : “Voyez, j’ai des billets sur moi ! J’ai un rapport totalement normal à l’argent. Je connais le prix de la baguette et du ticket de métro.” Pierre Bergé, 81 ans, richissime mécène de la gauche et de la lutte antisida, serait donc un homme normal. (…)
(…) Sur les murs, quelques toiles monumentales, dont un portrait warholien d’Yves Saint Laurent – l’homme de sa vie. Sur un meuble, la maquette d’un Falcon 50, réplique de son jet privé (qu’il copilote parfois, alors qu’il pilote son hélicoptère, parqué à l’héliport de Paris). Sur les tapis, un bouledogue français noir et blanc qui gambade.
Ailleurs, on recense une maison à Saint-Rémy-de-Provence, une autre à Deauville (il a vendu la majeure partie de la propriété qu’il habitait avec YSL mais a gardé une dépendance, la “datcha”), quelques belles voitures, et puis la longue liste de ses bonnes oeuvres.
(…) Le mécène a malgré tout refusé d’honorer une facture de plus de 30 000 euros pour le site web catastrophique de Désirs d’avenir…
L’important, pour un homme de gauche, ne serait donc pas l’argent, que d’ailleurs il n’aime pas.
L’important, dit Pierre Bergé, c’est le comportement. “Être de gauche, c’est donner 2 millions d’euros par an à la recherche contre le sida, c’est donner 10 millions aux journalistes du Monde“, avance le désormais coactionnaire du quotidien en cabotinant
(il avait avoué vouloir influencer la ligne éditoriale du Monde).
Pierre Bergé assure qu’il a toujours été de gauche. La fortune ne l’a pas fait varier. “Au motif qu’on devient riche, on devrait changer de camp ? Qu’est-ce que c’est que ces histoires ?” s’agace-t-il.
(…) Quelques collaborateurs ont pourtant côtoyé un autre homme, colérique et injuste, parfois méprisant avec ses salariés. Tout sauf un homme de gauche. ”
À part pour le respect des minorités, dont il fait partie, c’est-à-dire les homosexuels et les protestants, Pierre Bergé n’a rien d’un homme de gauche”, persifle l’un d’eux. (…)