«Ali Devine», professeur de collège, nous fait le récit d’une commission disciplinaire, ultime étape avant le conseil de discipline. Malgré sa vocation, il finit par perdre espoir pour les élèves qui s’y présentent : Asmaa, Mohamed et Samir (les prénoms ont été changés).
Commissions disciplinaires : on adresse aux «méchants» un dernier et solennel avertissement avant leur traduction en conseil de discipline. La peur rôde… La première élève convoquée est Asmaa, qui est venue accompagnée de sa mère, de sa soeur et de sa cousine. Exaspérante petite pimbêche, toujours fardée et maquillée. Ne travaille absolument pas, sèche de plus en plus de cours ; se montre parfois insolente envers les professeurs qu’elle gratifie de sa présence. […]
La mère porte un strict foulard noir ; les deux autres accompagnatrices, un ample tchador qui ne laisse voir que l’ovale de leurs visages. Même si nous donnons parfaitement le change, la gêne est unanime. Ma voisine, Estelle, me chuchote : «Si elle passe toutes ses vacances entre quatre murs avec ces deux corbeaux, c’est pas très étonnant qu’elle ait envie de se défouler à l’école.» […]
Le deuxième élève à passer devant nous est Mohamed, qui est venu accompagné de ses parents. Grand gaillard de quatorze ans, Mohamed en paraît seize ou dix-sept. Il est quasiment analphabète. Nous avons fait, avec lui, ce que nous avons pu. […] Sa réponse à mon assaut rhétorique, je l’entends encore, avec son intonation du moment et son accent : «Moi, M’sieur, j’suis un blédard !». […]
Le troisième élève convoqué en commission disciplinaire est Samir. […]C’est peut-être du fascisme que d’écrire cela, mais je pense qu’un élève de cette espèce devrait pouvoir être relevé de ses obligations scolaires. Evidemment, il coûterait sans doute très cher à la société en frais de police et de justice ; mais il faut se souvenir par ailleurs qu’on économiserait plus de 8.000 euros par an sur une scolarité absolument inutile, et que l’on protégerait celle des autres élèves. […]