“Marseille, 5e île des Comores”, aiment à dire les quelque 80.OOO Comoriens de la cité phocéenne (estimation du consulat), signifiant ainsi leur attachement à la ville tout autant qu’à leur archipel d’origine.
Discrète au regard de son importance (quelque 10% de la population marseillaise!),
la communauté comorienne, en réalité très majoritairement composée de Français ou de binationaux, avait été profondément heurtée par de récents propos de Claude Guéant, alors que de nombreuses associations culturelles et religieuses tentent de promouvoir la réussite de ses membres et participent à leur intégration.
Le 11 septembre, le ministre de l’Intérieur avait déclaré sur RTL “qu’il y a à Marseille une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences”.
Cette déclaration, rapidement corrigée par son auteur, avait soulevé une vague d’indignation, chez les politiques locaux de tous bords, mais aussi dans cette communauté habituellement si réservée.
“Cette histoire nous a choqués”, explique, visage grave, Cheikh Ali Mohamed Kassin, le Mufti de la communauté comorienne de France. Pas d’angélisme chez ce dignitaire religieux mais le sentiment d’avoir été injustement blâmé : “C’est vrai qu’il y a des jeunes de chez nous qui ont été condamnés, mais on trouve des solutions pour aider les enfants, pour qu’ils continuent leurs études…” (…)
Ainsi, plus de 400 associations culturelles, souvent organisées sur des origines villageoises,
célèbrent les fêtes, proposent de l’aide aux devoirs, des cours d’alphabétisation… Elles financent aussi des projets de micro-développement – routes, adduction d’eau, etc. – aux Comores.
“Nous faisons des cérémonies pour fêter les bacheliers, ou les diplômes universitaires”, dit Abdoulkarim Mbechezi, imam et directeur de l’associaton Jeunesse et culture.
Autre pilier de l’éducation des jeunes, l’école coranique ou “shioni”. Chaque samedi, plus de 200 enfants à partir de 4 ans fréquentent le shioni de la rue de l’Arc (1er arrondissement).
“On travaille l’arabe, sur des textes religieux ou des contes”, explique l’iman Mbechezi qui a fondé ce petit shioni il y a un an, “parce qu’il n’y en avait pas dans le centre-ville”. (…)