Existe-t-il des minorités heureuses ? Le mot “minorité” est si souvent associé à toutes les misères du monde qu’on peut en douter. Etre copte en Egypte n’est pas facile. Juif au Maroc ou musulman en Inde non plus. Etre tutsi au Rwanda fut très périlleux au cours des années 1990, tout comme il était terrible d’être juif ou tsigane en Europe à la fin des années 1930… Mais enjambons les siècles pour comprendre.
Souvenez-vous : l’Empire romain soumettait les peuples vaincus, mais leur laissait une certaine liberté, notamment religieuse, et élisait un certain nombre de leurs représentants à la dignité de citoyen. Ce modèle impérial, imparfait et imparfaitement réalisé, perdurera pendant quinze siècles. (…)
u cours de la seconde moitié du XXe siècle, c’est au contraire à la construction d’un ensemble supranational d’un genre nouveau que les Européens s’attellent.
Dans cette Union européenne si bigarrée, il n’y a plus de minorités puisqu’il n’y a, à proprement parler, que des minorités !
Or l’UE pourrait devenir un modèle pour d’autres ensembles en formation, en Amérique latine, en Afrique, voire en Asie.(…)
(…) Un mot encore : dans l’histoire, il a existé des minorités qui imposaient leur loi à des majorités. On l’a vu, par exemple, en Afrique du Sud. Aujourd’hui, on peut citer la minorité alaouite, qui détient le pouvoir en Syrie face à une majorité sunnite.
D’autres minorités, tout en abandonnant le pouvoir politique, conservent l’essentiel du pouvoir économique…
Mais pour combien de temps ?