Actuellement vivent près de 50 millions de personnes en âge de travailler (entre 20 et 65 ans) en Allemagne. En 2060, elles ne devraient plus être que 36 millions, selon les prévisions de l’Office fédéral des statistiques.
“La baisse du nombre d’actifs va affaiblir le potentiel de croissance de l’économie allemande à long terme,” prévient Arnauld Lechevalier, chercheur du Centre Marc Bloch à Berlin.
“Il ne devrait plus tourner qu’autour de 1,2% par an, contre 1,5% en 2000,” prédit de son côté Stefan Kooths, chercheur de l’un des six grands instituts économiques allemands, IFW de Kiel, même si, ajoute-t-il, pour l’instant, les effets néfastes de la démographie sont contrebalancés par le fait que de plus en plus de femmes et de seniors travaillent. Et le nombre grandissant de personnes âgées à la retraite va peser sur les finances publiques.”
“Depuis près de 40 ans, il ne naît plus qu’1,4 enfant par femme en Allemagne. Par conséquent, sans immigration, une génération n’est remplacée qu’aux deux tiers,” constate Erika Schulz, chercheuse de l’institut de recherche économique allemand DIW.
Avant la chute du mur, la RDA affichait un taux de fécondité légèrement meilleur que sa rivale de l’Ouest: entre 1,7 et 1,8 enfant par femme. “Le régime communiste encourageait la natalité par toute une série de mesures privilégiant les familles. Ainsi un ménage obtenait plus facilement un appartement s’il avait un enfant,” raconte Mme Schulz.
Les deux années suivant la réunification de 1990, le taux de fécondité a brutalement chuté à l’est, plafonnant à 0,9 enfant par femme, reflet des craintes d’un avenir sombre d’une population tout à coup confrontée à la perte d’emplois. Puis ce dernier est remonté, aboutissant à un chiffre pratiquement semblable dans les deux Allemagne.
En 2008, seules 11% des femmes de plus de 60 ans n’avaient pas d’enfants, mais parmi celles âgées de 40 à 44 ans, elles étaient pratiquement le double: 21%.
Parmi les raisons invoquées pour expliquer cette situation: la faiblesse des infrastructures de garde dans l’ouest du pays, avec des crèches en nombre insuffisant et beaucoup d’écoles fermant dès le début de l’après-midi.
A cause du solde naturel (différence entre naissances et décès) négatif, la population allemande décroît depuis 2003, à l’exception notable de 2011 où elle a crû à 81,8 millions d’habitants grâce à un bond de l’immigration.
Selon l’Office des statistiques, avec une fécondité stagnante, l’Allemagne, juqu’ici le pays le plus peuplé d’Europe, devrait continuer de se vider d’ici à 2060 pour ne plus compter qu’entre 65 et 70 millions d’habitants.
“Le plus difficile à prévoir, c’est l’immigration“, estime Mme Schulz. Le solde migratoire (différence entre entrées et sorties), qui est actuellement positif et devrait le rester, tourne autour de 100.000 et 200.000 personnes par an.
[…]