Après la révélation de l’identité de l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse, le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, a estimé que «chacun doit assumer ses responsabilités» : les politiques, les médias, l’école et les imams.
D’abord, l’islam n’est pas une civilisation, c’est une religion. Et la religion musulmane fait partie de la civilisation occidentale. Certains politiques semblent en être restés au Moyen Age.
Vous considérez que les autorités ont fait preuve de mesure ?
Jusque-là, les déclarations des uns et des autres sont assez mesurées. Certes, l’extrême droite a tenu un discours sur le halal, l’islam… de nature à creuser un fossé au sein de la société française mais, pour moi, c’est pure démagogie à usage électoraliste. Ce qui est terrible, c’est que ça se fasse au détriment des minorités, et notamment des musulmans. C’est l’un des facteurs de la radicalisation de certains. Si l’on traite les musulmans comme des traîtres de l’intérieur, c’est une marginalisation physique et mentale, on instaure des banlieues non seulement géographiques, mais aussi mentales. Cela ne justifie pas, bien sûr, les actes barbares des derniers jours. Rien n’explique l’assassinat, le terrorisme. […]
Je crois surtout que chacun doit assumer ses responsabilités. A commencer par l’école. Il faut que l’histoire de la France soit réécrite à la lumière de la présence musulmane aujourd’hui. Que ce soit en astrophysique, en mathématiques ou en philosophie, la contribution de l’islam à la civilisation occidentale est immense ! Cela permettrait aux jeunes de culture musulmane de se retrouver dans le programme enseigné à l’école et de ne pas se sentir stigmatisés.
Les politiques et les médias aussi ont une responsabilité, notamment dans l’emploi de leurs mots. Quand on dit «salafisme», il faut savoir de quoi l’on parle. On ne peut pas l’associer au terrorisme ! Le jihad, lui, est inscrit dans le Coran comme un combat pour une cause juste. […]