Plusieurs matins par semaine, c’est le même spectacle de désolation. En sortant de l’ascenseur, les locataires de la résidence Saint-Jean, chassent du pied bouteilles d’alcool, mégots de cigarettes, gobelets et déchets jonchant le sol de leur hall d’immeuble. « Et ne parlons pas des odeurs !, peste Nelly. Ils pissent et parfois même vomissent. »
(…) La locataire qui reçoit chez elle ouvre la fenêtre. Au pied de l’immeuble, un groupe de quatre personnes est posté, à l’abri des regards. Une voiture noire arrive, se gare, en gardant le moteur allumé. Un homme sort de la cachette, s’approche du véhicule, tend un petit paquet contre quelques billets, puis repart sous l’abri. Plus tard dans la soirée, le groupe a grossi. « Le pire, c’est que nous connaissons plusieurs de ces garçons, soupire Nelly. On les a vus grandir dans le quartier. »
Selon les conditions météo du jour, ils pénètrent ensuite dans le hall en milieu ou fin de soirée, en se glissant discrètement derrière un locataire qui rentre chez lui, puis coincent la porte pour la laisser entrebâillée. « Parfois, ils sont une dizaine, voir plus d’une vingtaine le week-end, relève Gwenaëlle. Ils peuvent rester jusqu’au petit matin. » (…)
« Moi ça fait quarante ans que j’habite ici. Vous trouvez ça normal que vos proches ne veuillent plus venir vous voir ? »